Reportage Festival Piksel 2015

Le festival d’art électronique libre Piksel à lieu cette année dans plusieurs petites galeries et salles du centre de Bergen en Norvége.
Ostre est la salle concert/performance/séminaire centrale où se passe les événéments.
Apo33 vous propose un petit reportage au coeur du festival.
Au programme : des installations numériques, électroniques, interactives ou pas, tentative plastico-scientifique utilisant la biologie comme source visuelle ou sonore mais aussi des performances, lives, conférences et workshops tout au long du Week-end.

Nous avons passé pas mal de temps à installer et garder l’installation (c)NSA à la galerie Bart, ce reportage reste parcelaire sur l’ensemble des événements (70 artistes et plus de 50 actions), avec notamment des workshops qui demandent un investissement minimum de 3/4 heures.

 

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Installation à base de bande magnétique et d’une machine de dessin géométrique, le public manipule la machine qui lit via une tête de lecture magnétique le cut-up de ces bandes collés en ligne, on peut changer les vitesse et les positions de la tête sur un espace rectangulaire. On a littéralement un clash entre des technologies des années 80 et des technologies actuelles (2015) qui parfois créé des situations cocasses où la machine s’emballe et ne répond plus aux commandes de la tablette.

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oui le paysage… presque rien à voir.

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live coding supercollider+puredata, la performance joue avec des commandes de patching pd via du code supercollider, phasor et autres vco qui claque dans leur branchement live à la sortie son du logiciel. Intéressant, on peut regretter la coté trop démonstratif de la performance à défaut d’un jeu plus poussé avec la construction coding+partition live, qui pourrait éventuellement déraper ou jouer sur les limites du programme.

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20151119_224319La performance démarre à la limite de l’humour, chanson décalée puis démonstration danse+capteurs bio-musculaire qui déclenchent des samples. De bonnes idées qui restent assez repliés, on pense à Atau Tanaka avec un coté danse, trés expressif. On se demande si le musicien n’est pas trop en retrait, voir trop respectueux de la danseuse et de sa performance avec les capteurs… plus de distance vis à vis de la démo technique aurait pu être plus juste.

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Une petite installation à la galerie Bart avec celle de (c)NSA basé sur le bricolage et le détournement de jouets et micro-outils comme des mini-caméras pour produire un ensemble de petites piéces. Les artistes proposent aussi une évolution de leur sculpture tout au long du festival mais nous avons l’impression que cela peut prendre beaucoup plus de temps que l’ensemble du week-end et que ces sculptures méritent un peu plus d’attention. Processus intéressant, à développer pour mettre cet aspect évolutif en avant.

 

 

 

Une installation qui réagit, via des capteurs de mouvements, au déplacement du spectateur, non pas dans un sens de pure de reproduction mais dans un rapport de répulsion, un principe assez simple mais qui créé un lien intéressant avec l’objet phallique de couleur rose! décalé et original.

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Installation sur l’auto-surveillance, dispositif pouvant rappeler celui de Dan Graham sur le rapport de la surveillance des individus par d’autres individus, le tout dans une oeuvre où chacun peut faire l’expérience des différents rôles (observeur/observé). Ici ce sont les machines seules qui surveillent et qui parfois jouent des sons, interactif de temps en temps donc. On se demande au bout d’un certain temps si l’installation peut créer une composition sonore ou vidéo plus complexe c’est à dire avec plus de niveau soit de lecture, soit d’interaction. On se voit sur les écrans mais rien d’autres ne se passent (une forme 3D bouge de façon continue), ce n’est pas que l’on s’attend à quelque chose de précis mais sur l’aspect d’auto-surveillance : quelles sont les questions que l’on peut soulever aujourd’hui sur ce probléme.

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Une installation trés esthétique, sur le mouvement, la lumière et le découpage “hallucinatoire” que cela provoque sur celui qui la regarde. Un systéme trés bien désigné, de la boite de transport, efficace, mais aussi les petits grillages de plastique qui bougent et permettent de visualiser le découpage de la vibration. très jolies, l’effet visuel est bluffant, on se pose la question de savoir ce que cela provoque au delà de l’impression d’hallucination et de visualisation de la vibration, démonstration du mouvement… .

 

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A la galerie S12, on retrouve plusieurs installations, d’écrans vidéos à des objets incongrues. L’installation bio-électrique d’Oscar Martin, une petite boule contenant des organismes réagissant à des signaux électriques impulsés qui déclenchent ensuite un synthé programmé par l’artiste sur puredata, il s’agit d’une sonification (avec de la lumiére?) de cet ensemble bio-électrique. Mis à part quelques bugs incertains, l’installation est plus petite qu’on l’imagine à partir des photos de présentation, tout est au sol, cela mériterait d’être réhaussé ou mis en valeur dans l’espace dédié de présentation.

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un objet au sol, qui semble ne pas fonctionner…, une projection au mur d’une mare avec des datas inscrites… (temps-réel, dispositif live ou vidéo?).

 

 

 

 

 

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l’installation d’Erin Sexton avec du papier, des petits haut-parleurs et un petit circuit sur le coté… mais des batteries vides… on imagine que les enceintes font vibrer le papier…

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deux écrans vidéos qui présentent une performance qui utilise des méduses, ça à l’air sympa… mais cela fait trés documentation… rendu de performance… .

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des moteurs agitent un ensemble de circuits et de cables dans la vitrine qui réagissent en fonction du son dans la galerie, de petits micros captent le son et déclenchent une série de réaction sonore et mécanique, plutôt intéressant, un petit organisme éléctrique sensible à son environnement.
Enfin il y une petite salle derriére un rideau, dans le noir, où l’on peut prendre un micro et dire “ah” pour faire réagir un visuel sur un écran d’ordinateur au sol et un systéme son qui crache, sature… apparement une éprouvette est sensé réagir avec de la lumière… ce travail semble assez peu avancé, plus un boulot d’étudiant ou d’essai qui mériterait d’être approfondit et quelque peu développé.

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deuxiéme soirée de perfomance, plus incisive que le soir précédent, un des membres de High Bitch manipule une montagne de vinyls et de platines concassés, trés belle sculpture, une manipulation tout en délicatesse, l’alter-ego joue de piezo dans la bouche, de circuits électroniques DIY, de pédales d’effets guitare, une musique assez changeante, chaotique, pleine, qui évolue avec de larges dynamiques. Une des performances les plus vibrante de la soirée.

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Cipher Songs prend le contrôle du réseau (tor à ce qu’il y parait), les trois artistes créés une musique à la fois trés “live coding” (du moins esthétiquement) et organique, avec Kukovec au chant/parlé créant un mélange intriguant qui prendra réellement corps sur les derniéres minutes quand la chanteuse / performeuse se mettra vraiment à pousser sa voix, pour tenter d’impulser une énergie plus forte à l’ensemble des sonifications et visualisations des activités du proxy Tor.

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la premiére performance de la soirée à été largement improvisé par Mr John Bowers et son comparse, pour remplacer au pied levé la performance de JF Blanquet… probléme de systéme buggé (sur raspberryPI). un live basé sur leur recherche d’esprits et d’activités paranormales liés à des crimes non résolues ou des massacres liés à la 2eme guerre mondiale… un bon live qui à su allier performance physique (casser du caillou) à des transmissions radio en ondes courtes, feedback et autres enregistrements EVP (pour entendre les fantomes), une construction plus ou moins chaotique qui à su trouver une cohérence dans son improvisation.

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Cette piéce propose de détourner le systéme de reconnaissance de musique “copyrighté” sous facebook et de dénaturé ces musiques jusqu’au point où l’algorythme ne peut plus déceler l’orginal. Intéressant mais le processus s’arrête là… quand est-il de sa mise en abile dans youtube même, en quoi cela dépasse les plunderphonics de John Oswald, est-ce que l’artiste en a déjà entendu parlé? Sommes-nous juste dans la dénonciation où dans une transformation artistique, un détournement qui pose question?

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L’installation consiste en une machine qui gribouille de façon méthodique une carte où se trouve la ville dans lequel se situe l’installation… comme si elle effacé son propre contexte où sa situation géographique, préparant sa disparition ou l’effacement du lieu dans lequel elle se situe. Machine absurde autonome programmé pour s’effacer “symboliquement”

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L’installation-performance de Dr Bowers et de son comparse continue dans le coin salon de la salle Ostre, pour finir en un joyeux foutoir de radios, de fils en tout genre, petit haut-parleurs, micro-amplis marshall et sons récupérés un peu partout dans le port de Bergen… saturation de fréquences, joyeux chaos, on s’y délasse facilement observant nos performeurs s’emméler les pinceaux!

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Avant derniére soirée, Samedi 22 novembre – on commence dans une rencontre ultraNoise – TheNoiser / Fetveit / H220 / Sexton – on performe, éructe, sature, blast, ça réveille!

Puis Nicolas Maigret enchaîne avec son pirate cinéma, création cinéma basé sur la récupération de données en P2P, un beau projet bien ficellé, avec une intention forte et un rapport à l’échange et au piratage bien marqué. Un coté trés conférence / radiophonique qui à peut-être moins de force en live-performance, le coté statique convient peut-être mieux à l’installation, même si certains passages sont trés brutales (son du porno, finale saturation d’images, cut up speedé…), on se demande parfois si un gros mélange, moins séparé en partie avec un texte lu mais avec une structuration plus proche du projet lui-même, ne serait au final plus judicieux. C’est à dire que le P2P produit une partition instable, en mouvement qui propose une partition qui lui est propre, avec laquelle la performance peut se construire… une version qui naitrait et se jouerai dans la structuration du P2P, comme un élément faisant partie de cet ensemble.

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le public était au rendez-vous ce soir là avec une plus grande participation que les autres soirs, Ostre est aussi un lieu trés chaleureux mis à part le prix de la biére!!

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Kasia Justka envoie du lourd en haut voltage, blast électrique capté avec des bobines de cuivre, allumage d’ampoules à coup de taser, tout y passe à partir du moment où il y a du courant qui pulse!! Une performance trés forte, noise, avec de nombreux de mouvement et dés-articulation. C’est d’ailleurs une nouvelle performance pour cet artiste avec quelques ratés et notamment la longueur du set, elle n’a jamais réussi à s’arrêter…, ce qui à ralentit sa performance plus qu’énergétique! A voir de nouveau pour l’évolution et l’affinage du timing.

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Un classique dans la performance porn-punk-noise, les Quimera Rosa enfonce le clou (c’est le cas de le dire) dans la soirée avec une énergie brutale bienvenue, trash performance utilisant le courant électrique du corps pour manipuler des circuits DIY, adaptation du circuit bending à des performances corporelles, utilisant celui-ci comme court-circuit ou resistance appliqué au circuit, ingénieux, violenté et une belle présence scénique. Seul petit hic : la performance manque un peu d’articulation entre chaque partie, il est vrai que le dispositif change à chaque fois mais il s’agirait de construire un liant entre chaque moments, comme une composition plus globale, l’ambiguité pourrait encore plus juste.

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Derniére performance avant le DJ set (techno minimale, trés bien fait par ailleurs!), le Three Mixers de Tijs Ham, un set à base de feedback de table (no input mixer), 2 tables de mixage en boucle et une troisiéme DJing pour mixer les deux autres. Un concert réussi qui développe une musique électronique trés fine, parfois légérement technoide mais cherchant le glitch et la saturation avec des dérapages controlés, peut-être presque trop controlés… un systéme en boucle?::!!

Un bon millésime pour ce piksel2015!

plus d’information sur http://15.piksel.no/