Interview Audioblast

– comment ont été contactés les artistes ?
y avait-il une ligne éditoriale de programmation de l’événement ? (apo33 seul, ou collaboration de Piksel à la programmation?)

principalement par email. La ligne éditorial à été établie par Julien Ottavi selon des critères lié à la pratique sonore en lien avec le réseau, le noise, l’art sonore et les nouvelles pratiques audio. Elle à fait l’objet d’un travail intense de contact pour arriver à proposer 1 artistes chaque heure pour 30 heures de performances en ligne. Piksel n’a été qu’un node d’accueil, un festival dans le festival.


– d’où provient le titre audioblast ?

J’ai inventé ce nom. Un mélange d’audio et de blast – une explosion audio en français. Je trouve que le terme est blast est encore plus fort au niveau sonore pour évoquer cette chose que le mot français explosion.

– quels types particuliers de musique étaient-ils visés pour ces concerts en réseau ? l’objectif est-il d’aider à discerner des musiques idiomatiques pour un tel type de dispositif ? quelles spécificités vois-tu dans une performance en réseau, voire qu’est-ce qui qualifierait la musique en réseau ?

Art sonore, electronics, poésie sonore, noise, live coding, musique expérimental, drone, soundscape, field recording… .
Pas nécessairement, il s’agit à certaines moment d’amener les artistes, musiciens à concevoir leur pratique sous un autre angle, dans un autre contexte mais aussi de proposer un festival où la plupart des événements serait diffusé dans plusieurs lieux physiques à la fois et dans un même temps dans un non-lieu : le web.
C’est une question qui demande sûrement plus qu’une interview, je pense que la musique en réseau est encore de l’ordre de la recherche et de la pure expérimentation, même si certains d’entre nous la pratiques depuis 10 ou 20 ans. Une des spécificités est de perdre la notion de public en terme physique, mais aussi le rapport au voyage et au lieu de diffusion comme la salle de concert. On peut faire du son de chez soi, en pantoufles ou faisant même tout à fait autre chose sans que personne ne s’en rendent compte, c’est un paradoxe mais il en est ainsi. Il y a aussi les nombreuses possibilités qui s’offre en termes d’ubiquité et de jeu à plusieurs au delà des frontières, sans contraintes de transports, visa…etc cela ouvre un champ d’exploration qui peut se métamorphoser en de multiples combinaisons de dispositifs et d’échange en direct sans déplacement. Je ne pense pas qu’il soit judicieux de qualifier la musique en réseau, c’est déjà un qualificatif, car on peut faire du réseau sous différents angles au jour d’aujourd’hui : téléphonie, web, électricité, audio, vidéo, fluides, radio… tout cela à avoir avec le réseau… à développer.

– le concert (ou la performance) est vu historiquement comme un moment collectif entre des musiciens et des auditeurs dans un même espace. En quoi un concert en réseau répond encore à ce cadre ou comment tente-t-il de proposer une nouvelle situation de concert ?

Il en est du même ordre parfois mais sous des modalités différentes comme celle de ne pas forcément voir le public par exemple ou les musiciens, les interfaces de contrôle peuvent devenir l’élément d’interaction, ou simplement l’audio transporter au delà des continents. Il y a toujours je pense du collectif mais il est devenu fragmenté et délocalisé. Il y a bien entendu une situation nouvelle par rapport au concert, en tous les cas pour le musicien, même si le public peut se retrouver à une diffusion sonore dans espace (comme dans la musique concrète) ou devant un artiste à l’écran, il y a un décalage qui s’opère dans le sens ou le musicien ou l’artiste à toujours les moyens de réagir et de transformer la situation d’un point de vue sonore ou du point de vue de la performance en tout autre chose que ce qui à pu être écrit sur support, un peu comme dans l’espace de la scène classique sans le rapport directe au corps.

– quels ont été les retours des musiciens qui ont joué ? se sont-ils enregistré (audio, video) ? ont-ils posté leur performance afin de la mettre à disposition sur le web ?
y-a-t-il eu des désistements ? pour quelles raisons ?

Plutôt bon, certains n’ont pas réussi à mettre le pied à l’étrier, juste à streamer ou même à écouter, ce qui est assez dramatique pour des musiciens qui utilisent l’ordinateur au quotidien par exemple. Beaucoup des musiciens, artistes invités ont vraiment été content de participer à cette expérience et même si certains d’entre nous ont déjà participé plusieurs fois au placards ou au nomusic festival, ce genre d’événements est assez rare pour ne pas être noté ou faire l’objet de nouvelle expérience pour des musiciens novices dans le domaine.
Certains on fait leur enregistrements, parfois c’était nous-mêmes. Personne n’a posté leur performance à priori, à part Pizmo avec Jerome Joy ehehe 😉 dont l’enregistrement va faire l’objet d’une sortie CD sur la label FIBRR RECORDS.
Il y a eu 1 ou 2 désistements mais plus lié à la technique que à une volonté d’éviter de faire le live. En règle générale le travail de programmation à été d’anticiper la peur des musiciens vis à vis de la technologie et de leur offrir une alternative comme l’enregistrement d’une pièce ou d’un live à l’avance pour une diffusion “classique” web et haut-parleurs.

audioblast2015_1280

– connais-tu les types d’environnements dans lesquels ils ont joué ? chez eux ? ailleurs ? face à un public ou non ?

Oui, il y a de tout : studio, espace personnel, café, université, salle de concert, salle d’expo, cela pouvait dépendre de où se trouvait les artistes. La plupart du temps sans public physique à part à Nantes et à Bergen.


– quel logiciel a été utilisé pour le streaming ? (ou description sommaire de tout l’environnement technique pour cet événement)

Dispositif technique du coté d’apo33 : table de mixage, micro, sonorisation, apodio9 OS, qjackctl, icestream. Ecoute via VLC, mplayer…etc
Pour les artistes cela est allé de différentes solution pour windows et macos, solutions peu viable et stable sur le long terme. C’est une des plus grosse contrainte de ce genre de festival, les artistes à 60/70% sont esclaves de leurs technologies.

audioblast2

– a-t-il été envisagé d’utiliser un stream audio-visuel ?

Oui bien sûr! Mais au vu de la difficulté pour la plupart des artistes de faire juste un stream audio et au vu de leur connexion limité mais aussi du fait que la plupart de ces artistes ont des ordis soit peu performant, soit qu’ils sont limités par leur logiciel propriétaire.
En terme de connexion pour assurer une bonne qualité audio nus avons préviligé le son sur la vidéo mais aussi, ce n’est pas toujours intéressant de voir le musicien en vidéo, et peu de musicien en ont exprimé le désir.

– comment ont été envisagées les relations avec le public ? (pour que celui-ci prenne conscience qu’il s’agissait de performances en direct)

Sous plusieurs aspect, le public en ligne via un système d’annonce et de chat, update tweeter, facebook, mailing list…etc Sur place à Bergen et à Nantes via des programmes et flyers. Pendant les performances à Nantes, le public pouvait voir une projection du chat et des discussions aussi bien techniques, que sur le contenu. A Bergen un ordinateur était à disposition pour le public d’intervenir dans le chat.


– comment la réception était configurée à Bergen ?

Principalement en mode écoute et diffusion dans un lieu en quadriphonie, une machine à disposition pour le chat.

– est-ce que toutes les performances ont été archivées ? sont-elles accessibles ?

Oui. Elle seront accéssibles au plus vite. Apo33 est composé d’une petit équipe et le travail de mise en ligne de plus de 30 heures de musiques prend toujours un peu de temps, même si l’édition de chaque performance c’est faite sur le moment.

– est-ce que l’ensemble des logs du chat ont été enregistrées ?

Non. Ça se faisait beaucoup à une époque le log de chat, des livres ont été publiés avec des logs de chat… je crois que c’est ce qui m’a un peu dégouté de genre de littérature… fin 90, début 2000 c’était devenu une esthètique, pas de log de chat pas d’esthétiques pseudo-geek.

– audioblast est-il un festival qui sera renouvelé chaque année ?

Pour l’instant l’envie est là, il faudra trouver d’autres contextes…

– que vois-tu comme évolution(s) pour les concerts en réseau ?

C’est une grande question, probablement, amélioration des bandes passantes, plus d’interactivité entre public et musiciens, des plateformes dédiés à ce genre de pratiques, libre, non commercial… il y a eu des tentatives à une époque mais on est bien re-tombé bas! La vidéo et le son beaucoup mieux intégré, moins lourd, plus rapide, possibilité d’agir sur un espace physique et sonore à distance… projection d’un corps astrale dans la salle, téléguidé un avatar physique qui joue pour vous, communiquer avec le public directement sans interface (paradoxe!), recevoir leur sensation, questionnements…etc.