Installation dans la Médiathèque de Bourges (invitation par l'association Bandits-mages) Les Rives d'Auron Boulevard Lamarck 18001 Bourges Atelier du 11 au 15 octobre 2005 Visite de l'installation jusqu'au 4 février 2005
Principe de lecture/construction de l'espace de la Médiathèque de Bourges:
L'installation dans l'espace de la Médiathèque de Bourges se déploie à travers la mise en place de systèmes de captation sonore multiples (micros contacts à micros d'ambiance), reliés à un ordinateur/serveur suspendu dans le hall principal de la médiathèque, hébergeant un automate virtuel qui transforme, mixe et envoie les sons transformés sur internet ainsi que dans les systèmes de diffusion installés dans le lieu. L'ordinateur suspendu dans le hall, comme un corps machinique écartelé pris dans une toile de fils de fers, est à l'image de l'agencement tentaculaire du poulpe greffé sur l'architecture de la Médiathèque. La recomposition de l'environnement de la médiathèque devait prendre en compte la spécificité des usages du lieu (lecture, écoute…) exigeant un niveau sonore relativement faible. Il pourrait sembler paradoxal de proposer une installation sonore dans un espace qui se doit d'être relativement silencieux. Or l'espace de la Médiathèque nous intéressait à plusieurs titres:
1) en tant qu'espace relativement silencieux il exigeait de porter une attention plus grande aux sons produits par l'activité même du lieu. Or l'installation des capteurs sonores nous a permis d'entendre d'une nouvelle oreille le foisonnement sonore de cet environnement, sans cesse animé par les passages, croisements et rencontres (lorsqu'il est ouvert). Les capteurs sonores sont installés au niveau de la porte d'entrée, du dispositif de contrôle des entrées et sorties, de la rambarde de l'escalier, sur la machine électronique d'enregistrement des emprunts, ainsi que comme capteur d'ambiance au niveau de la zone musicale, de manière à saisir le flux des actions et passages qui habitent le lieu.
2) en tant qu'espace social il nous permettait de confronter notre proposition à un espace de vie particulier incluant plusieurs niveaux de sociabilité : celui des usagers du lieu et celui des employés. La question qui se posa au cours de l'atelier qui a pour but d'impliquer les usagers dans le processus d'installation, était : quelle place donner aux employés du lieu ? Aussi nous avons vu très vite un partage des positions se dessiner entre des employés spontanément favorables et enthousiasmés par l'installation et d'autres employés tout aussi spontanément hostiles. La position la plus singulière fût celle du technicien du bâtiment qui, sans être ouvertement hostile à l'installation qui amenait de l'animation dans son quotidien imperturbablement répétitif, exprimait continuellement l'obsession sécuritaire et normative qui vampirise actuellement notre société.
3) le caractère relativement silencieux du lieu a constitué une contrainte intéressante du point de vue de la diffusion nous amenant à inventer des modes d'approches diversifiés. Trois modes d'approches ont été mis en oeuvre : _des systèmes de diffusion (essentiellement des petits haut-parleurs) ont été installés à l'extérieur de la médiathèque, donnant sur les différents points de passage qui la contourne (dans l'entrée ainsi que le passage longeant la salle d'exposition). Sur ces systèmes de diffusion il s'agissait de donner à entendre une « image recomposée » de l'activité sonore de la médiathèque. Cette approche s'appuyait sur une lecture de la construction spatiale de la médiathèque comme espace ouvert, sans parois séparant les différents espaces de lecture, d'écoute de CD ou de visionnage de films. Plus précisément il n'y a pas de parois murales mais des parois invisibles (dispositifs techniques et casques) qui permettent de maintenir l'espace ouvert à la circulation sans dérangement sonore. Dans le sas d'entrée, un petit haut-parleur a été disposé dans le faux-plafond, prolongeant le son diffusé en extérieur, créant un effet d'écho lorsque la porte du sas est ouverte.
_à l'intérieur de la médiathèque une toute autre approche a été mise en oeuvre afin d'en respecter le silence. Des systèmes de diffusion spécifiques (utilisant les matériaux présents dans la médiathèque comme membranes de haut-parleur) placés sur certains supports dans des points de passage du lieu diffusent discrètement un flux sonore. Nous avons repris le principe mis en oeuvre par David Tudor dans Rain Forest, consistant à créer des boucles (feed-back) faisant transiter le son par un support matériel qui en modifie le spectre. Nous avons créé une série de boucles, reliant un micro à l'automate puis revenant à un autre micro posé sur un support matériel utilisé comme haut-parleur (étagère métallique, panneau, paroi), situé à proximité du premier micro. Le son diffusé ressemble à une rumeur que l'on peut croiser au détour d'une allée et sur lequel il faut pencher l'oreille pour entendre les détails. Le sons fait vibrer la matière du milieu. _un troisième principe de diffusion a été installé qui laisse le son à son état virtuel tant que le dispositif n'a pas été activé par le potentiel auditeur. Il s'agit d'une boucle magnétique qui encercle une partie de l'espace de laquelle tombe un fil de cuivre formant en son bout un cercle accroché au mur. Juste à côté est posée une bouteille d'eau récupérée à laquelle est collée un même cercle de fil de cuivre. En joignant les deux cercles, l'auditeur transforme la bouteille en haut-parleur.
Novembre 2005
en cours de montage… bientôt en ligne!
SOON…