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Le Dispositif Radiophonique Mobile au Forum Social Européen à Paris
Du 12 au 15 novembre 2003, le Dispositif Radiophonique Mobile intervient au Forum Social Européen qui se déroulera dans plusieurs lieux à Paris et banlieues parisiennes.
le DRM intervient dans deux lieux silmutanément : à la Grande Hall de la Villette et au métallos.
1- Proposition d’intervention dans le cadre du FSE
Cette proposition prendra trois formes articulées autour de la question des médias (détournement et réappropriation des instruments et moyens de communication) :
a) intervention d’une version du Dispositif Radiophonique Mobile (projet développé depuis un an par le collectif). Le DRM est un instrument d’intervention fonctionnant comme une prothèse qui viendrait se greffer sur un lieu. C’est une prothèse technique qui a pour but de digérer du son récupéré sur le lieu de son intervention. Elle combine un dispositif numérique (le poulpe : ordinateurs en réseau via internet) et des dispositifs mécaniques, hertziens et d’électroniques analogiques. Le DRM existe sous une forme fixe (du type installation) et sous une forme mobile. Dans le cadre du FSE, nous proposons de développer la partie mobile du Dispositif. L’action consiste en un découpage/redécoupage sur le plan sonore de ce qui se passe dans le cadre du forum. Il s’agit en effet pour les artistes de la CIA d’opérer des captations et prélèvements autonomes de son et de rediffuser ces captations dans divers points du forum. L’ensemble des aspects sonores de la manifestation seront pris en compte et réintégrés dans le système, conférences aussi bien que ambiances de couloir ou moments transitoires (ex : repas). Il s’agit de donner à entendre de multiples découpages de la situation sonore du forum social et ainsi laisser émerger un sens qui dépasse celui du simple champ lexical et qui révèle les dispositifs de communication et de représentation qui structurent un espace social tel que le Forum. Les captations et prélèvements sonores seront opérés par les artistes au moyen de divers types de micros (divers acoustiques, micros de contact, capteurs à induction, etc.) et transportés soit par ondes radio soit par enregistrement. Le transport dans l’espace se fera par mini-émetteur FM, par talkie-walkie, etc. Le transport dans le temps se fera par minidisc, magnétophone à K7analogique, dictaphone, notamment. La rediffusion se fera sur de petits sytèmes qui ne seront audibles que dans des périmètres réduits, sur des dispositifs spécifiques constitués de petits haut-parleurs, haut-parleurs de contact, mobiliers d’écoute, dispositifs mobiles portés par des artistes, casques d’écoute. Le public est appelé à jouer un rôle important dans ce projet car c’est lui qui sera en position d’activer l’écoute. Le dispositif n’investissant pas l’ensemble de l’espace ce sera aux différentes personnes constituant le public de faire la démarche de venir écouter.
b) des temps de discussion avec le public seront intégrés dans les temps de l’intervention artistique afin de présenter (théoriquement et pratiquement) le projet de recherche dans lequel s’inscrit le Dispositif Radiophonique Mobile (projet de recherche sur la création sonore et les systèmes informatiques pour la création d’une Web-radio) et les réflexions qui le nourissent.
c) un temps de présentation de la création contemporaine qui s’inscrit dans une démarche d’expérimentation et des enjeux politiques qu’elle soulève. La création expérimentale est une démarche minoritaire qui vise à remettre en question, dans le fond comme dans la forme, les modes de représentation et de production artistiques et culturels dominants, c’est-à-dire marchands. Cette remise en question passe par une réflexion critique sur les dispositifs de représentation médiatiques et engage à une réappropriation de l’espace public occupé par le médiatique par l’invention d’autres formes de communication, de réseaux de distribution et de diffusion alternatifs et par le détournement et réappropriation des dispositifs techniques qui rende possible sa domination.
Nous allons aussi proposer des ateliers ouvert à tous aux métallos :
- ATELIERS :
L’expérimentation comme démarche de transformation sociale ?
En partant de sa pratique de l’expérimentation, à travers divers projets de recherche et de création sonore (RACCORPS : projet de création d’une Web-radio, Dispositif Radiophonique Mobile, Cellule d’Intervention d’Apo33, l’art sonore, les musiques expérimentales, Linux…), le collectif Apo33 essaiera de mettre en évidence comment l’expérimentation peut être une méthode pour changer notre rapport au quotidien ainsi que les relations entre chacun. Comment l’expérimentation utilisée intensément par les instances de pouvoir et les scientifiques peut-être détournée pour renverser les rapports de domination imposés par la société du spectacle à travers une réappropriation par tous des instruments télé-technologiques et de son espace de vie. Nous aborderons cette question de l’expérimentation à travers un atelier-conférence mêlant création sonore et discussion. - 10h - 12h (salle harmonie) métallos - jeudi 13 novembre
Outil ouvert de conférences nomades (avec Babel)
- Permettre à toute personne d’organiser des conférences internationales sans budget - Un outil d’interprétation, de restitution et de conférence nomade utilisable par tous ; présentation de la démarche, de l’outil et des ressources nécessaires à son fonctionnement, diffusion et évolutions. - 14h - 17h (4 colonnes) - samedi 15 novembre
2- compte-rendu :
_Intervention de la CIA à la Grande Halle de la Vilette : espaces de conférences, d’actions culturelles et d’accueil de stands d’organisations humanitaires ou politiques.
_projet de départ : l’équipe d’APO étant divisée entre la Vilette et le Médialab des Métallos, il était prévue de mettre en place une liaison de transmission sonore en streaming entre les deux lieux. Impossibilité de faire le lien streaming parce que pénurie d’ADSL aux Métallos. Les actions à La Vilette ont cependant été diffusées en direct sur la Web-radio d’APO33
_Grande Halle de la Vilette :espace ultra-fonctionnel, conçu pour accueillir de la masse : entrée-acquisition des accréditations / couloirs qui mènent au bar-restaurant, aux salles de conférences (trois espaces de conférences qui se suivent en grandissant dans l’axe central du rectangle formé par la Halle) , à l’atrium au milieu du rectangle entre deux salles de conf (avec actions artistiques), aux espaces stands (au premier étage, un à chaque angle du rectangle formé par la Halle) et sur le côté droit en longueur du rectangle un espace de réunion pour les traducteurs, un espace pour les médias associatifs et un espace presse. De nombreux dispositifs sécuritaires sont mise en place. Il est impossible de rentrer dans l’espace de la Halle sans une accréditation.
_Halle de la vilette : espace de circulation de flux. Idée : casser le flux engendré par la fonctionnalité de l’organisation du lieu. Jouer et déjouer l’organisation du lieu.
_greffer dans des points de la Halle des systèmes de diffusion (entre 3 et 4) retransmettant des sons captés dans d’autres partie de l’espace à travers des talkies walkies. Chercher des points abandonnés, non utilisés parce que non-fonctionnels, ou des points de passage. Les points de diffusion sont souvent déplacés au cours de l’action. La communication par talkie-walkies interfère sur les communications entre agents de la sécurité et agents techniques chargés de la maintenance et de l’organisation du Forum.
_les formes culturelles proposées sont pour une grande part placées dans un espace déterminé, ainsi intégrées dans la fonctionnalité spatiale. Il fonctionnent sur le mode du spectacle. Cependant, quelques propositions artistiques initérantes sont proposées, mais tout de suite identifiables dans leur forme : l’immédiateté de l’identification empêche la perception d’une altérité.
_des membres d’apo (entre 3 et 4) portent un talkie pour capter des éléments sonores du lieu, les retransmettre, tels quels ou transformés après enregistrement, aux talkies diffuseurs : ils alternent la transmission des sons captés entre différents canaux, chacun correspondant à un point de diffusion différent.
_interventions ponctuelles des membres d’apo avec des sytèmes de diffusion mobiles : actions d’interférence dans le lieu, créer des zones d’indétermination dans des espaces fonctionnels. Ces interventions ponctuelles essaient de rendre perceptible une dimension de l’espace et du mode de circulation dans l’espace : exploration de l’espace physique et social d’un autre point de vue que celui proposé par le programme du Forum. Percevoir ce qui se passe dans le Forum en suivant le flux des personnes. Exemple : Julien s’est placé au milieu d’un des couloirs qui longe la Halle et permet d’accéder aux salles de conférence. Il a choisit un point de clôture acoustique dans lequel il a produit un effet sonore inversé, un effet de miroir : le son semble venir du côté opposé de son point de diffusion, comme s’il était engendré par le mur sur lequel il est répercuté : impression de matérialisation du son devenant ainsi visible, produisant une forme spatiale virtuelle qui perce un “trou” dans l’espace de circulation. Autre exemple : Manu joue sur un effet d’écho dans une rampe d’escalier par où les personnes passent pour aller aux toilettes. Il capte les sons au bas de l’escalier et le rediffuse en haut, créant, pour les personnes descendant l’escalier, un effet d’écho de leur propre action qui contracte l’espace et destabilise le parcours.
_environnement sonore général : difficile de dégager des unités sonores spécifiques dans le bruit de fond général des voix entremêlées. Seules se dégagent, écoutant d’un point de vue surplombant, les voix amplifiées des conférenciers ou, écouté d’un autre point de vue, celui du marcheur qui se glisse entre les individus composant la foule, des bribes de conversation dans une multiplicité de langues, des témoignages individuels racontés etc… La permanence du flux rend difficile la captation incognito de ces multiples voix et l’on se retrouve le plus souvent avec un enregistrement de bruit de fond. Technique de Manu, se greffer à des entretiens menés par des jounalistes pour capter des paroles. Technique de jean-Philippe, reprendre le son des casques de diffusion de traduction. Autres possibilités : ne pas enregistrer des sons mais produire des sons artificiels qui tranchent radicalement avec l’environnement sonore dominant, qui percent l’espace (bruits blancs, fréquences, motifs électroniques…).
_problèmes soulevés par certaines tentatives : deux HP installés des deux côtés de la halle d’entrée. La diffusion de sons captés sur le lieu se perd dans l’espace et ne fait que redoubler le son ambiant sans rien lui ajouter. Idée de diffuser un son qui perce l’espace : la variation d’une fréquence aigue par exemple. Problème qui apparaît : la situation des HP est surplombante par rapport à l’espace et agit par imposition sur ceux qui y circulent. Les HP fonctionnent comme un dispositif anonyme produisant un pression totalisante sur l’espace, plutôt que d’introduire un point d’indétermination dans l’espace fonctionnel. Les HP ainsi disposés reproduisent la violence du disposiif spectaculaire, sauf que cette violence n’est plus masquée par un effet de paillettes.
_réactions des personnes. Quatre types de réaction. 1) le plus souvent, une certaine indifférence même si quelque chose est identifié comme incompréhensible, comme un non-sens. 2) réaction de violence : “pourquoi produisez vous des sons comme ça”, difficulté à comprendre le sens de notre présence et action, sans volonté de comprendre, pure réacion de rejet. 3) curiosité et interrogation, ces personnes discutent avec nous pour essayer de comprendre le sens de notre intervention et repartent souvent avec le sentiment d’avoir découvert quelque chose, une autre manière de voir et d’écouter leur environnement. 4) enthousiasme de certaines personnes qui nous disent ne plus avoir vu d’expériences de cette sorte depuis les années 70. Arrêt et écoute.
Le Dispositif Radiophonique Mobile au festival Bandits-Mages (Bourges)
Durée du festival: du 11 au 15 décembre. Durant ces quatre jours, la CIA interviendra dans trois espaces de la ville de Bourges, l'école des Beaux-arts (Atelier son), la Friche l'Entre-peaux (Secours Populaire) et l'appartement en centre ville d'un édutiant de l'école des Beaux-Arts, appartement ouvert au public en soirée avec un accueil « soupe populaire ». Ces trois lieux seront connectés via trois serveurs rediffusant des sons captés dans chaque espace. Les trois lieux s'échangent les sources sonores via ce système en réseau et rediffusent la combinaison des “espaces sonores” dans chaque espace. Trois lieux, trois serveurs, trois flux qui s'échangent et trois points d'écoute physiques démultipliés dans chaque lieu et un point d'écoute virtuel sur le net (écoute des flux échangés entre les lieux et mixés par un des artistes: chaque mixage est diffusé sur un canal de la Web-radio). Chaque canal correspond à un principe de composition des sons captés sur les trois lieux (composition par automate ou composition en direct par mixage des différentes sources captées). Des systèmes hertziens, analogiques et mécaniques viendront interférer dans cette communication en réseau introduisant d'autres modes de captation/diffusion du son et d'autres qualités sonores.
3 lieux - 3 propositions :
-le 82 rue D'Auron :
rue d'auron Proposition de David Keyton, Térence Meunier, & Claire Pichelin
Nous sommes très intéressés par l'idée de la diffusion dans un lieu privé ouvert au public, et nous nous proposons d'accueillir ce dispositif du 10 au 14 décembre. Ce projet entre en résonance avec un autre projet que nous voulions établir dans le quartier d'Auron, c'est-à-dire celui des “ soupes de quartier ”. En effet, nous voulions mettre en place courant décembre un rendez-vous hebdomadaire, dans notre appartement, pour tous les gens du quartier d'Auron, où chacun pourra rentrer et sera offert un repas (soupe maison et vin rouge). Il s'agit avant tout de créer un lieu de rencontres hétéroclites, pour ceux qui justement se côtoie tout le temps sans se rencontrer, et de mettre en place un lieu de discussion et de rencontre, hors de tout lieu institutionnel, chez des gens (nous), donc avec toute la proximité et l'intimité que cela induit. Utopiste ? Peut-être, surtout que les gens n'oseront jamais au début rentrer d'eux-mêmes (sans “ excuse ”) chez des particuliers, et jugeront certainement bizarre la démarche. C'est ici que les deux projets peuvent se répondre car ce que nous proposons, c'est de débuter ces “ soupes ” lors du festival, dans notre appartement avec un accueil quotidien entre 18h et 23h. Ceci afin de donner une “ excuse ” aux gens (tout public du festival bien sûr) de pénétrer chez un particulier, étant dans le cadre d'un événement répertorié. Cela donne au collectif APO 33 un lieu privé et intimiste (et qui doit le rester - les gens ne sont pas au restaurant) ouvert à tous, d'où ils pourront diffuser, émettre, recevoir, et ceci devant un public que nous espérons des plus hétéroclite. Ceci implique que le lieu soit signifié dans le programme du festival pour éviter tout effet “ soirée privée mondaine ”.
-Le Secours Populaire :
situation d'écoute du lieu, discussion avec les gens, café, thé, gâteaux et diffusion!
-L'école des Beaux-arts :
bozart1 découvertes d'une partie du dispositif.
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Le Dispositif Radiophonique Mobile au festival Scopitone : écoute des streams audio
Dans le cadre du Festival Scopitone du 1er au 3 juillet 2004, Apo33 et ses invités, Philippe Brioude et Jean-Philippe Roux, interviennent dans la ville de Nantes avec le Dispositif Radiophonique Mobile (site raccorps) pour construire une Constellation à travers la mise en réseau numérique, symbolique et physique de différents lieux de la ville :
MHT (Ateliers et Chantiers de Nantes : lieu du festival) / Blockhaus DY10 / Grue jaune / 43 Chaussée de la Madeleine / 12 rue Jean-Jacques Rousseau / Local apo33 : 17 rue Paul Bellamy
Le Tax-son conduit les visiteurs d’un lieu à un autre de la Constellation.
Le réseau numérique de la Constellation transmet les streams audio produits, envoyés sur la toile, diffusés, recaptés et ré-émis dans chaque lieu. Tous les streams audio de la Constellation sont audibles pendant les deux jours du festival (2 et 3 juillet) sur la Web-radio d’apo33 : radio
_ Intervention du Dispositif Radiophonique Mobile d’APO33
Zone d’Essai Temporaire dans la ville de Nantes
La ville est traversée de milliers de réseaux qui structurent et orientent les déplacements ou pratiques urbaines. Le réseau informatique ajoute une stratification au palimpseste de la ville. Système de tuyaux et de machines à écrire énergétiques qui met en relation des consciences et non plus des corps, le réseau numérique capte et met en circulation les désirs et projections fantasmatiques d’acteurs essentiellement réduits à leur nature de conscience, chacun transformé en un oeil qui se reflète dans son écran tout en se projetant dans un au-delà invisible.
La conscience branchée sur la machine se métamorphose en séries de signes se construisant en représentation et lisibilité : elle se donne à voir comme surface de projection et transparence incorporelle. D’écran à écran, de fantasme à fantôme, la conscience risque, à tout moment, de s’enfermer dans la galerie des glaces. Mais de l’autre côté de l’écran, un paysage se déploie dont les corps en mouvement dessinent les ondulations. Car chaque signe engage un geste, dont il n’est que la trace, la survivance.
C’est là qu’un corps, pris entre les mailles des chaînes et concaténations urbaines, retourne la machine à écrire, la renverse et la détourne, pour tracer, d’un geste de la main, son espace - le tuyau d’alimentation n’est plus seulement le vecteur transmetteur d’énergie, il est transformé, engagé dans un autre devenir forme, par le geste d’un corps qui se lève, observe et perçoit son milieu matériel, y dessine le chemin d’une marche. Le corps est appelé, comme Ulysse par les sirènes. Sensible insensible, matériel immatériel, le son passe dans le réseau numérique tel un fantôme, dont la nature est plus ambiguë encore que ces signes abstraits apparaissant sur l’écran. Car à l’écran, il ne s’y arrête pas - le son n’existe qu’à partir du moment où il se déploie dans l’espace, dans cet espace occupé par le corps. De la conscience au corps, du corps à la conscience : le son prend tout, l’espace et le temps. Il fait signe du devenir d’un corps/esprit dans un milieu matériel.
Dispositif Radiophonique Mobile : machine numérique multi-tête de transmission du son à extensions modulables de captation et diffusion analogiques et hertziennes.
Chaque tête de la Machine est un point de branchement des prothèses de vision et d’action : découper le visible par la captation et agir sur la matière environnante par la pression des vibrations acoustiques. Chaque tête est la possibilité d’un nouveau point de vue et d’une mise en activité du milieu matériel ; elle déclenche un ensemble de gestes et comportements, une chorégraphie matérielle. Têtes communiquantes - brancher non plus seulement des consciences mais des corps. Le son, c’est l’esprit du corps (de sa structure matérielle). Le DRM fait voyager les esprits sonores à travers les tuyaux de la toile virtuelle : la galerie des glaces où circulent ces spectres interagit avec le milieu matériel où agissent les corps en marche.
L’espace dans lequel se déploie le dispositif radiophonique mobile est celui de la ville, son milieu matériel, sonore, visuel, social… Non pas une abstraction d’espace : un cube blanc ou une chambre noire. La radio se met en marche, elle accompagne un geste plutôt qu’elle n’en définit le cadre d’action. Les murs du studio sont tombés laissant la ville réapparaître et ses sons, ses images, ses corps pénétrer l’acte de communication.
L’homme à la radio se déplace comme l’homme à la caméra de Vertov : il circule et saisit les mouvements de la ville mais pour les y réintroduire, il bouscule les emplacements spatiaux-temporels en passant les éléments d’un milieu matériel à un autre : décontextualiser-recontextualiser, croiser des espaces-temps. Par sa marche, l’homme à la radio reconstruit l’espace et le temps urbain. Il dessine des formes en surlignant les partages de son milieu matériel par le déploiement d’une écriture spatiale : vecteurs sonores, matériaux filaires conducteurs de son, prothèses d’action sonore dont la liberté de manipulation et d’interaction avec l’environnement est conditionnée par la portée de ondes.
Systèmes de diffusion : l’amplification augmente la pression des vibrations pour agir sur la matérialité des corps.
Systèmes filaires : ils matérialisent le dessin spatial du son, ils opèrent une découpe dans le visible et réveillent les esprits sonores d’un milieu matériel.
Radios hertziennes : elles jouent avec les ondes environnantes et saisissent dans les moments d’interférence le croisement des mouvements vibratoires du corps et des autoroutes invisibles de la communication.
Les architectes tacticiens qui manipulent le dispositif radiophonique mobile dessinent dans le palimpseste urbain une constellation d’actions, de formes et de points de vue dont l’élément d’articulation est le son, esprit de la matière.
La conception que nous avons d’une « constellation construite » ne se borne pas à un emploi unitaire de moyens artistiques concourant à une ambiance, si grandes que puissent être l’extension spatio-temporelle et la force de cette ambiance. La constellation est en même temps une unité de comportement dans le temps et dans des espaces multiples mis en relation par le réseau numérique afin de retourner le quadrillage stratégique de la ville. Elle est faite de gestes contenus dans les décors d’un moment. Ces gestes sont le produit des décors et d’eux-mêmes. Ils produisent d’autres formes de décor et d’autres gestes. Les forces qu’elle déploie s’expriment dans le son.
La constellation est à l’abstraction du réseau numérique, ce que la situation était à l’abstraction du White cube.