projet artistique de la CIA (Cellule d’Intervention d’APO33) est un instrument d’intervention fonctionnant comme une prothèse qui viendrait se greffer sur un lieu. C’est une prothèse technique qui a pour but de digérer du son récupéré sur le lieu de son installation. Elle combine un dispositif numérique (le poulpe : ordinateurs en réseau via l’internet) et des dispositifs mécaniques, hertziens et d’électroniques analogiques. Le Dispositif Radiophonique Mobile se déploie dans un lieu et temps donné à travers des extensions physiques modulables de sculptures sonores, de résonnateurs, de dispositifs de diffusions, d’interfaces interactives et d’interfaces de contrôle (jouant avec les gestes, la lumière, la température, le mouvement…) prenant la forme de bornes informatiques ou à travers de simples hauts-parleurs qui rediffusent le résultat du processus de digestion. Digestion : le son entre d’un côté de la chaîne en réseau du dispositif reliant les extensions physiques modulables et se transforme de manière aléatoire selon les combinaisons d’actions des artistes ou du public sur les interfaces des bornes.
A chaque intervention, un aspect du Dispositif est plus développé qu’un autre, comme des hypothèses de travail posées chacune après l’autre dans la perspective de la construction d’un ensemble non objectivable.
L’enjeu consiste à reconfigurer l’espace sonore de l’intervention à travers les actes du public et des artistes sur les interfaces et le décalage spatio-temporel opéré par la retransmission radiophonique en direct. Le son devient le matériau brut sur lequel s’impriment les effets d’opérations invisibles. Le DRM n’a rien d’uns installation, dispositif derrière lequel l’artiste disparaît dans l’anonymat paradoxal d’un “nom” sans personne. Le DRM est un dispositif d’intervention reconfiguré en permanence de manière performative par les artistes sous les yeux, réactions et actions du public. Le DRM est un projet de réappropriation de l’espace architectural et social, l’invention d’un nouvel espace-temps dans lequel le corps ne soit plus contraint par des normes imposées par d’autres, mais recrée ses propres règles de circulation et de rencontre avec l’autre. Le DRM est un démontage spatial du dispositif numérique qui joue des passages et circulations entre l’espace de représentation, « l’espace virtuel » et l’espace réel (l’espace des pratiques).