Dans le cadre d’une exposition collective conçue et organisée par La Valise (du 7 au 12 septembre 2002) la Cellule d’Intervention d’APO33 présente un ensemble de pièces sonores dans les jardins familiaux du quartier Malakoff à Nantes. avec la CIA (Cellule d’Intervention d’Apo33
pièces sonores présentées : - lors du vernissage, le 7 septembre au soir : un happening sonore basé sur des sons produits de façon expérimentale par des émetteurs et récepteurs radio, présenté dans une architecture translucide de l’architecte Willy Vazzoleretto - Jardins FM, programme radio audible dans les jardins pendant toute la durée de l’exposition : pièces radiophoniques, bandes-sons, séances d’écoutes, interviews de jardiniers et d’artistes… (vers les 108Mhz, émission limitée au périmètre des jardins) - Images Sonores : 3 sons captés à un point des jardins et rediffusés en un tout autre point, dans le style miniature sonore, avec des pièces de Julien Ottavi, Christophe Havard, Emmanuel Leduc… - points d’écoute : divers artistes donnent à écouter en un point des jardins des créations sonores qu’ils produisent en direct ou en différé - la parcelle sonore : une parcelle en friche dans laquelle les artistes de la Cellule Apo font pousser des sons à base de systèmes radiophoniques
thèmes de création : - “musique d’ameublement” des jardins - la radio comme instrument de musique - radio et pouvoir - l’invisible
la radio expérimentale des jardins : une cartographie sonore, du 7 au 12 septembre dans les jardins familiaux de Malakoff, dans une exposition conçue et organisée par le collectif LA VALISE
La Cellule d’Intervention d’APO33 se propose de jouer avec la transmission radiophonique comme avec un instrument. Il s’agit d’utiliser la radio comme instrument de musique et de l’interroger comme instrument idéologique. La radio est à la fois un phénomène sonore et un dispositif médiatique constituant, par la parole, un espace social.
En tant que phénomène sonore elle construit un environnement : environnement sonore qui joue avec l’environnement électromagnétique. L’émetteur radiophonique envoie des ondes dans l’air qui sont ensuite captées par des récepteurs (les appareils radios). L’émetteur radiophonique transforme le son en onde électromagnétique qui est à son tour retransformée en onde sonore. Le passage d’un niveau à l’autre et la présence de perturbateurs invisibles dans l’éther de l’onde radioélectrique rendent imparfaites (malléables) la transmission des vibrations sonores. Les perturbateurs peuvent être artificiels (machines) ou naturels (orage par exemple).
En tant que dispositif médiatique, la radio transmet des informations. Ces informations sont sélectionnées puis réorganisées lors de la diffusion. Les informations enregistrées opèrent comme des coupes dans la réalité et ne peuvent signifier que si elle sont structurées entre elles sous la forme d’un discours. Le journal est un mode d’organisation de l’information. En tant qu’outil de communication, la radio dessine un espace social. Mais la parole qui circule dans cet espace social est toujours insituable pour le spectateur en position d’écoute. C’est pourquoi la radio (comme la TV) produit une socialité contradictoire, une socialité non réciproque dans laquelle la parole peut être ambiguë (vraie parce qu’elle reproduit, dans une certaine mesure, la réalité et fausse parce qu’elle nous apparaît coupée du contexte dans lequel elle est prononcée).
Ces deux dimensions de l’élément radiophonique (environnement et espace social) nous paraissaient recouper d’une manière intéressante le lieu des jardins familiaux, à la fois environnement construit par les jardiniers et espace social. Le projet de la CIA tente de rendre visible à la fois la ressemblance et la différence entre ces deux espaces : d’un côté l’environnement immédiat des jardins et la présence physique des habitants du jardin constituant l’espace social, et de l’autre un environnement plus éthéré, celui du son passant par les vibrations électriques de l’air et les voix sans corps de la radio.
L’intervention prendra deux formes :
- Une performance musicale aura lieu le samedi 7 septembre pour ouvrir l’événement. Cette performance correspond au projet intitulé DLRS (Digital Live Radio Session) qui a déjà donné lieu à deux performances publiques à Nantes : la première dans le studio de Jet FM et la deuxième au Théâtre Athénor. DLRS utilise les éléments radiophoniques (les appareils et les sons) pour produire une performance musicale. Les membres de DLRS composent de la musique avec les sons constituant la totalité du processus radiophonique afin de rendre audible l’appareil qui structure la parole transmise.
- La mise en place sur la durée des 5 jours d’un dispositif/installation ou carte sonore recouvrant la totalité des jardins. Ce dispositif se développe sous plusieurs formes (installations sonores, points d’écoute, émissions radiophoniques avec entretiens des jardiniers retransmis dans la cité de Malakoff grâce à la radio mobile). Un programme détaillé des actions sera mis à disposition du public dès le samedi soir.
Un ensemble d’appareils manipulables par le public et manipulés par les artistes. La proposition consiste à présenter des environnements de création sonore issus de l’histoire ou del’actualité par le biais de dispositifs mis en oeuvre par des artistes d’APO33.
- une vidéo d’un entretien avec Keith Rowe, membre du groupe AMM. La séquence présente le surprenant dispositif que l’artiste a développé autour d’une guitare électrique posée sur une table. Les fondements théoriques, esthétiques, politiques de ce parcours sont développés par Keith. - montages électroniques sur-mesure, en référence à David Tudor notamment - ouvrages de réflexion et documents divers sur l’esthétique, les technologies, les révolutions musicales du 20e siècle… - boucles sur magnétophones à bandes, technique très utilisée des années 50 aux années 70 essentiellement. Le présent montage, présenté par Emmanuel Leduc, produit une rediffusion avec quelques instants de décalage du son qui a été enregistré dans la salle. - circuits imprimés manipulés directement par le musicien. Présentés par Julien Ottavi - quelques outils d’expérimentation sur ordinateur : Puredata (programmation informatique pensée pour des musiciens), Buzz (jouet expérimental), AlsaModularSynth (jouet expérimental) - lecteur de tickets de train et métro - divers équipements modifiés
L’orchestre miniature : Des artistes d’APO33 préparent des systèmes de production sonore qui se passent de l’intervention d’instrumentistes. Ces petits systèmes produisent un ensemble jouant par lui-même à produire une intervention musicale dans une salle de spectacle ou un lieu d’exposition ou autres… Quelques exemples de modules autonomes sur lesquels nous travaillons : Emmanuel Leduc : systèmes de larsen mis en mouvement par des moteurs électriques (micros mobiles passant devant des haut-parleurs) Jean-François Rolez : 1)systèmes à base de cassettes sans fin (par exemple celles que l’on trouve dans les répondeurs téléphoniques). 2)systèmes de type mobile en équilibre instable dont les changements de position font évoluer le son grâce à des capteurs Julien Ottavi : appareils électroniques (montages électroniques d’amateurs) détournés de leur fonction et branchés les uns sur les autres dans un désordre qui produit des comportements aléatoires, des moteurs qui tapent sur des objets, systèmes d’automate numérique… Luc Kerléo : construction de systèmes électroniques rudimentaires (bips, boîtes à musiques synthétique, automates) branchés les uns aux autres
Partie sur un projet de formation aux interfaces en informatique musicale, formation destinée à des musiciens, l’équipe d’APO33 a transformé ce premier projet en une séance de recherche ouverte au public et portant sur le thème de la manipulation d’outils électroniques utilisés couramment dans les pratiques de création sonore. Les interfaces de création musicale apparaissent finalement comme concernant les articulations entre plusieurs disciplines. .
Action présentée au public, et consistant en une tentative en direct de créer un volume sonore modelable par les visiteurs.
pistes de travail :
- la notion de modelage : la technologie comme pâte à modeler / le lieu comme pâte à modeler
- sculpture comme unité abordable sous un nombre non prévisible de points de vue, ici, multiples points d’écoute : un même son peut avoir plusieurs points d’apparition.
- Intéraction entre les visiteurs et l’existence physique de la sculpture : un certain nombre de commandes sont manipulables par les spectateurs. + phénomènes physiques en relation avec le déplacement des corps des personnes se déplaçant dans le lieu (ex : larsens micros-haut-parleurs, phénomènes d’induction électrique, ondes radio)
- Qu’est-ce que le contrôle a à voir avec l’art ? Quelle relation entre création et contrôle ?
- redéfinition des échelles et niveaux de manipulation, exemple : un lieu entier peut être manipulable.
- question des la procédure technique : comment avoir un rapport de spontanéité avec des outils qui normalement demandent de passer par de la procédure (exemple de procédure : lire le mode d’emploi d’un appareil et l’appliquer)
phénomènes présents lors de la séance : - masse sonore globale dans laquelle le visiteur intervient. le placement de l’oreille dans l’espace décompose cette masse sonore en plusieurs éléments distincts. D’autre part les réglages changent au cours de la journée (les spectateurs consultent les dispositifs en modifiant les réglages des machines).
Du samedi 15 mars au mardi 18 mars la CIA a accueilli parmi ses membres Jerôme Noetinger, Lionel Marchetti et Olivier Brisson dans une situation d’expérimentation radiophonique mobile et temporaire. labo radiosonique labo radiosonique
- samedi 15 mars, matin
Discussion entre les artistes, esquisse d’une action : travailler à base d’équipements de radiodiffusion tels que Talkie-walkies, CiBi, kits d’émetteurs FM. Premiers essais de matériel : mettre des appareils en fonctionnement et écouter ce que ça donne. Réfléchir à comment nous pouvons les utiliser. Les talkies-walkies s’avèrent les plus appropriés pour notre action car étant relativement simples à manipuler ils nous permettent de nous concentrer sur l’action sonore. Déambulation dans la ville : nous emportons un talkie-walkie sur lequel nous branchons un micro bricolé qui nous permet d’émettre en continu et nous faisons le tour du quartier aux alentours de notre local (3 rue Bias à Nantes). Nous faisons plusieurs essais de captation de divers sons et ambiances sonores, pendant qu’un récepteur placé au local envoie ce qu’il reçoit à un enregistrement sur minidisc. A plusieurs endroits nous rajoutons aux sons des lieux des sons que nous produisons avec la voix ou avec des objets et éléments que nous trouvons sur place. Nous allons jusqu’au marché (place de la Petite Hollande). Nous produisons quelques sons à l’aide de quelques dictaphones et autres équipements de poche. Plusieurs personnes entament spontanément la discussion avec nous.
- samedi 15 mars, après-midi
Nous écoutons l’enregistrement du matin. Cela nous donne une idée de la façon dont la transmission audio réagit matériellement : certains sons passent, d’autres pas, et d’autres encore se trouvent profondément modifiés. Nous cherchons comment travailler avec les caractéristiques du matériel. Nous cherchons quel système de captation-diffusion construire et comment inclure des gens extérieurs dans un acte radiophonique. Nous choisissons de monter un système d’écoute de nos fenêtres donnant sur la place située devant notre local. Trois talkie-walkies en réception sont branchés sur ce système de haut-parleurs. Cinq membres de l’équipe se munissent de talkie-walkie et vont individuellement à divers points du parcours effectué le matin. Chacun émet quand il le désire pour faire entendre le son qu’il capte sur le système de haut-parleurs.
- dimanche 16 mars, matin
On se rend avec 2 voitures au bord de la mer du côté de Pornic. on s’arrête à un petit parking qui donne presque directement sur la mer. On marche un peu pour repérer les lieux. La roche forme des acoustiques assez intéressantes à certains endroits, des résonnances par exemple. En cherchant un peu, de nombreuses possibilités sonores nous apparaissent. Une fois revenus aux voitures on ouvre les portières et coffres des véhicules pour déployer notre dispositif. Trois talkie-walkies en réception sont branchés sur l’autoradio d’un des véhicules. Cinq d’entre-nous partons capter du son que nous retransmettons avec des talkie-walkies, tandis qu’un sixième s’occupe de la rediffusion du son des talkies de réception. Pas mal de gens se promènent, ou font leur jogging, passant alors dans l’espace sonore que nous mettons en place.
- dimanche 16 mars, soirée
Nous organisons une écoute, ouverte au public, de l’enregistrement de samedi après-midi et de dimanche matin. Cette écoute se fait au 3 rue Bias en intérieur sur une sonorisation habituelle. Après l’écoute de chacun des 2 enregistrements nous discutons de ce qui nous apparaît, de ce que nous entendons. Plusieurs remarques se font jour autour de l’idée de constitution d’un langage qui serait propre à l’instrument talkie-walkie. Les bandes que nous sommes en train d’écouter ne se suffisent pas à elle-mêmes. Elles ne sont pas des “oeuvres”. Mais elles sont des bases de travail pour compprendre comment un langage peut se construire.
- lundi 17 mars
Préparation d’une action radio à JetFM (91.2Mhz), suite à une invitation de l’émission Appartés Sonores. Discussion pour établir un mode d’intervention radiophonique à la radio. L’idée de “kaléidoscope” apparaît, qui consisterait à multiplier les images radiophoniques dans une radio du réseau hertzien. Préparation du matériel : talkie-walkies, microphones bricolés, récepteurs radio FM et AM, grosses piles 6v (temps d’autonomie). Nous arrivons dans les locaux de la radio, qui se trouvent dans un bâtiment dans lequel sont logées diverses activités socio-culturelles. A chacun d’entre-nous il apparaît rapidement du potentiel sonore. A nouveau trois talkies en réception sont branchés sur le système audio de la radio. Munis d’un talkie, d’un micro et d’un récepteur radio nous parcourons le bâtiment et les alentours produisant plusieurs couches sonores que nous diffusons sur le réseau hertziens de Jet Fm.
- mardi 18 mars
Nous déplaçons la cellule d’expérimentation hertzienne en milieu urbain, Place Cdt. J. l’Herminier. Cette place a été aménagée par l’artiste plasticien Dan Graham : sol en dalles de béton, vitres semi-réfléchissantes, intervention discrète mais qui lui donne une athmosphère particulière. Elle n’est pas très fréquentée, ce qui fait que les passants y ont toujours de l’espace, de quoi prendre du recul. Après une petite période d’essais nous choisissons de disposer trois systèmes d’amplification sur chacun desquels nous branchons un talkie en réception. un quatrième talkie en réception est branché sur un casque d’écoute. Nous plaçons plusieurs talkies en émission à plusieurs points de la place, captant des bruits de pas, de passages de voitures, de conversations, etc. En début d’après-midi nous discutons de ce qui se produit avec ce dispositif. Nous décidons alors de construire un autre dispositif avec les mêmes éléments. Nous disposons les haut-parleurs le long de la passerelle en bois qui parcourt presque toute la largeur de la place. Nous prenons chacun un talkie et un micro et nous partons dans la ville capter des sons qui ne sont plus naturellement audibles de la place. En fin d’après-midi nous regroupons et nous improvisons un jeu de larsen entre les récepteurs, fixes,et les émetteurs que nous avons en main. retournant ainsi le dispositif sur lui-même créer un effet de miroir sur notre propre sytème de captation-diffusion.
le camping sonore _ tournée d’artistes d’apo33 pour des actions sonores brut (actions en plein air, dans des lieux précis, écoute de musiques expérimental, initiation, discussion…) dans les villages et les villes que nous trouvons sur notre chemin.
- Le premier camping sonore à eu lieu du 28 juillet au 1er août : départ de Nantes → Secondigny —> Pons —> Marseille —> Gréoux-Les-Bains —> Grenoble —> Nantes
Plusieurs étapes ont marqué notre voyage : aires d’autoroute, villages, gorges et bien sûr les campings lieux familiales, de loisirs et de vacances.
compte-rendu pris sur le vif :
- Après le camping de Secondigny
- Aire d’autoroute après Poitiers
- Intervention dans une rue de la ville de Marseille
La cellule d’Intervention d’APO33 intervient le samedi 24 avril dans le cadre du festival “Oh cet echo !”. L’action prévue se déroule entre l’espace Gantner, le parking et une tente construite par APO33 pour ce type d’intervention. La CIA met en place plusieurs aller/retour entre le contexte du festival : l’espace Gantner, le parking : “espace de transition” et la tente : espace labo d’APO33. Il s’agit en fait de mettre en résonance les trois espaces en créant des effets de miroir et de décontextualisation d’un lieu par un autre.
Il est possible d’écouter un enregistrement "extrait" de l’intervention
flyer du festival :http://www.apo33.org/pub/tof/W-%231-.jpg
compte-rendu photos de l'action : CIA à oh cet echo
La CIA d’APO33 installe la CAVERNE DU POULPE au chateau de Blain pour l’exposition “La vie de Château” qui aura lieu du 7 octobre au 16 novembre tous les jours de 10h à 12h et de 14h30 à 18h. Château de la Groulais à Blain
Extraction d’un morceau de ville, métaphore du tissu urbain.
Imaginez à quoi ressemblerait la découpe d’une tranche dans le réseau urbain, des airs aux bas-fonds, ensuite transportée, déplacée, dans une salle d’exposition du château d’un autre temps.
La proposition d’Apo33 consiste à introduire le public dans un fragment de ville dénudée de toutes ses composantes matérielles (béton, goudron, etc.) et livrée sous sa forme épurée de réseau de réseaux. Derrière l’habillage mural surgit alors une réalité ambigü : un Automate de réseaux, un monstre machine, vit et agit, déterminant notre pratique quotidienne de l’espace. Un réseau électrique, un réseau analogique, un réseau intranet, un réseau de tuyaux, une toile métallique et un réseau audio constituent cet être multiple. La bête « capturée » et isolée dans les murs du château continue sa vie de manière quasi-autonome, interagissant avec son environnement. Ses actions ou réactions, invisibles, s’expriment par le son, dont la circulation est à la fois aléatoire et auto-générative. Les impacts des actes, gestes ou mouvements produits dans l’espace sont saisit par les bras du Poulpe, traduits en son, pour ensuite se disséminer dans l’Automate et être renvoyés dans l’espace déformés et/ou transformés. Au regard panoptique de l’urbaniste dessinant le plan rationnel d’un déploiement spatial, s’oppose la jungle urbaine dans laquelle fourmillent les praticiens de l’espace.
Modes d’action
A partir d’une zone d’activité identifiable, une exposition au château de Blain, la CIA déploie ses modules tentaculaires (systèmes de captations/diffusions/transmissions analogiques, mécaniques, hertziens et numériques), en construisant une situation dans et avec des éléments qui constituent le site.
Des extensions visibles, voir audible de l’extérieur alimentent l’espace d’exposition, révélent des actions produites par le public et des éléments extraits d’un environnement, recomposé, digéré via des traitements (numériques/analogiques/mécaniques) et déclenché par divers systèmes de captations.
Le déploiement de ce dispositif et l’accumulation d’éléments matériels connectés plus ou moins directement ensemble induisent une relation au réseau (informatique, urbain, architectural..), dans lequel transit des informations, des données, qui vont créer des sens et des cheminements, se croiser, modeler et former un espace sonore qui pourra, comme tout réseaux, saturer à chaque instant…
Les interventions de la CIA consistent dans l’invention d’écritures spatiales à partir d’un ensemble de dispositifs techniques et artistiques re-configurés en continue par les actions produites par les éléments naturels (pluie, vent, jour/nuit..), le public, les pigeons…
schéma de l’installation :
Autre artistes invités :
Christophe Cesbron Jean-françois Courtilat Béatrice Dacher Rosemarie Martin
Vernissage le 06 octobre à 18h
finissage le 16 novembre à 18h
UNE TOUR URBAINE (Erell Latimier)
La cellule d’Apo 33 intervient dans différents contextes. Il y a des idées, des matériaux, présents à la pensée avant. Et l’évidence qu’il y aura une écriture spatiale à inventer, partout. Mais le contexte dicte à sa manière la forme et l’évolution de l’installation.
Ainsi l’environnement d’un château du XIV siècle propose évidement un cadre particulier dans lequel travailler et s’installer. Ce qui apparaît, dans un premier temps, c’est le sentiment d’anachronisme lorsqu’on entre dans cet ancien monument et que l’on y rencontre la représentation d’un réseau urbain à l’endroit même où il n’a pas à être. Parce qu’au début il y a l’action fictive (un fantasme à épuiser) d’être à même de fouiller, tronquer et ramener un morceau de sol, de souterrain, de le faire advenir, même morcelé et emprisonné, dans un étage de la tour. Et que cela permette un surgissement concret, l’élaboration d’un espace constitué de réseaux. Parce que l’installation proposée au château de Blain n’est pas figée elle progresse en l’air, échappée du sol. La toile que les croisées des fils numériques, analogiques et électriques ordonnent s’est tissée et a crevé l’intérieur de la pièce pour pouvoir se prolonger vers l’extérieur, sans chercher à cacher ses excroissances. Les multiples réseaux filaires s’étirent en hauteur et s’adonnent, selon l’opportunité, à quelques pendaisons. Certains petits systèmes de diffusion aériens s’éparpillent (hp et amplis), proches de plusieurs tables de mixages placées en orbite flottante. Quelque chose comme des micro-potences électriques.
Donc un espace de vie urbaine (mais non plus citadine) est posé et proposé à la rencontre. L’apparition d’une dialectique entre la fictivité de l’idée (un morceau de ville dans un château du XIV) et le concret du matériau et de l’installation en elle-même. La dimension sonore habite et va habiter en continu ce lieu figé juste avant. Tout la structure est en réaction. En réaction par des phénomènes de captation, de transformation et de réinjection du et des sons. Il y a vie car il y a à priori présence de vie. Qui va immédiatement tracer son seul déplacement et parcourir des parties du tout de ces nombreux fils en étant aussitôt interceptée et amplifiée, dirigée vers les différents serveurs qui vont s’en nourrir, puis digérer les informations données par ces afflux de sons et les rejeter d’après leurs propres interprétations. L’outil numérique commente à sa manière l’intrusion saisie et transmise par les systèmes de captation.
C’est un don. Chaque personne qui pénètre l’installation s’introduit dans un organisme et donne son fait d’être là, d’être arrivé dans cette pièce. Il y a cette impression de mesurer l’effet de sa propre présence. Parce qu’elle ne passe certainement pas sans être perçue, elle provoque l’amplification et nourrie le système numérique. Elle est intégrée, devient autre chose qu’elle- même et s’insinue dans l’intérieur de la dimension sonore. Il y a pourtant quelque chose d’invisible sur le moment. Les ordinateurs mangent et prennent le temps de la digestion avant de réinjecter comme ils l’entendent la présence fantomatique de celui qui était là avant. C’est par un processus de décalage que l’ancienne présence advient autrement et intervient sur l’absence du corps ou de la voix qui étaient là. Se crée alors l’impossibilité de ne pas agir sur cet espace, il y a forcément quelque part la marque de son propre passage.
compte-rendu photos de la préparation
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Du 16 octobre au 14 novembre 2004
“La C.I.A. à Montreuil”
Les villes contemporaines, villes technologiques, sont des réseaux de rues et de systèmes filaires, de canalisations, de flux et de circulation. Les murs et façades des bâtiments structurent leurs mouvements en les orientant et les arrêtant ; ils fonctionnent comme des barrages ou comme les ponts-levis des châteaux fort d’autrefois, où l’entrée est soumise à autorisation. Sous les couches de béton cependant, la circulation rencontre d’autres systèmes d’arrêt et d’ouverture/fermeture, dessinant une autre carte du territoire, un autre découpage de l’espace urbain. Bien que constituant la couche visible de la ville, les murs et façades n’en sont plus, aujourd’hui, que le masque. Un territoire virtuel produit des échanges entre dispositifs de communication, s’insinue et se superpose au territoire physique, modifiant notre rapport à l’espace.
Pour son action/installation aux Instants Chavirés, la Cellule d’Intervention d’Apo33 a choisi d’intervenir dans cette zone frontière qui ouvre le bâtiment sur son extérieur, la façade devenant l’objet d’une déconstruction symbolique. Il s’agit de faire apparaître un autre découpage possible entre un bâtiment et son dehors (la rue) que celui frontal d’une façade. Cette zone frontière est investie par la construction d’un réseau filaire et sonore, comme si, en creusant dans le sol, on avait laissé émerger ses bas-fonds.
La CIA tente de dessiner la cartographie souterraine, virtuelle et invisible que tracent les réseaux de circulation de flux et de communication. Réseau virtuel et invisible : sa manifestation implique donc un détour. Ce détour est celui du son, des éléments sonores captés par le réseau et mis en circulation par lui. La cartographie des réseaux apparaît dans les modes de transformation du son opéré par le réseau lui-même. Le son est le langage de ce réseau de réseaux. Automate de réseaux, le Poulpe se nourrit de son interaction avec son environnement immédiat.
L’intervention se déroulera en 3 temps :
- intervention/installation continue sur 5 jours
- autonomisation du dispositif dans son interaction avec son milieu matériel
- réactivation du processus et état des lieux
- intervention/désinstallation continue sur 2 jours
le résultat sonore de l’installation sera restransmise 24h/24h en direct sur la webradio d’APO33
994m2 et Rue Emile Zola
du 16 octobre au 14 novembre
entrée libre - tous les jours sauf les mardis et les jeudis - 15.00 à 20.00
l’installation en video : http://www.apo33.org/pub/videos/montreuil/montreuil_general.avi
installation visible tous les jours dans la rue Émile Zola