Electropixel 9 – Corps électroniques et morphologie abstraite du réel (un nouveau genre de festival)

Un festival en forme de tournée

co-écrit par Jenny Pickett et Julien Ottavi

En 2019, Apo33 a proposé un festival itinérant sur 2 mois un peu partout en Europe à la suite d’une réflexion sur le nécessaire renouvellement de la forme du festival : le collectif a décidé d’instaurer une nouvelle façon de traiter la problématique de l’événement en combinant diffusion, recherche, rencontres, mobilité et tournée internationale.
Nous avons produit plusieurs artistes Nantais dans plusieurs villes à l’étranger pour des festivals Electropixel adaptés à chaque cité.
Le festival a pris différentes formes en fonction des partenariats et des lieux qui nous ont accueillis mais le coeur de l’activité a été de déplacer et de faire se rencontrer des artistes à travers un cadre de diffusion adapté à la thématique.

Ce rapport à la mobilité des artistes a été central dans le sens où nous avons renforcé un réseau de diffusion que l’association a établi depuis de nombreuses années et qui nous a permis de créer des passerelles pour faire exister le festival au delà de nos conditions géographiques.
L’idée de faire tourner des artistes n’est pas une nouveauté en soi. Mais les faire tourner dans le cadre d’un festival, sous des formes différentes, en adaptation avec les organisations et les artistes du territoire de diffusion, fait partie des thématiques actuelles sur l’exploration de nouvelles formes de diffusion.
Comment trouver de nouvelles formes de diffusion artistique ? Voici une des questions qui nous habite depuis longtemps mais celle du festival a toujours été abordée sous différents angles. L’interrogation porte aussi sur la manière de faire circuler les oeuvres et les contenus. Si le festival, sous sa forme classique, invite des artistes à diffuser leurs oeuvres dans un territoire donné il n’est pas toujours évident pour les artistes d’un territoire de diffuser au sein d’un festival de renom -là où ils-elles habitent – des oeuvres qu’ils ne connaissent pas forcément et, encore moins, d’imaginer que ce même festival va diffuser leurs oeuvres hors des frontières de leur ville ou de leur région.
Transformer un festival en de nouvelles formes peut présenter un risque mais nous supposons que cette transformation est bénéfique au regard de l’évolution des pratiques artistiques et de la position des collectivités sur le soutien à la diffusion des artistes du territoire. En réalité nous avons mis en place, à l’été 2019, non plus un festival mais plusieurs. En effet chaque ville et pays ont représenté une expérience du festival en soi avec des formes, des contenus et des croisements qui lui sont propres.

Réussite d’un festival en transition (post-festival)

“Un festival est un moment, tel qu’il est historiquement défini, qui célèbre une communauté ou des personnes qui ont un intérêt commun, des traditions, une religion qui les réunissent ou des liens familiaux. C’est un événement qui vient couper avec la répétition et la monotonie du quotidien.”

Nous pensons avoir réussi cette transformation du festival Electropixel : le multi-événements versus le mono-événement, c’est la transition vers la vision de ce que pourrait être un post-festival. Nous avons enclenché un processus qui correspond bien à ce renouvellement à la fois dans la forme (diffusion multiple) et sur le fond (dans les propositions artistiques). Mais cependant et à posteriori, nous découvrons une nouvelle écriture de diffusion.
En 2016 nous avions déjà anticipé cette mutation à travers un regroupement de festivals et de chercheurs sur la question de la pérennité des festivals d’art numérique émergents et peu soutenus par les collectivités. Nous avons écrit un article sur la question de la continuité du festival Electropixel dans le contexte nantais. Nous avons abordé alors de nombreuses questions sur le devenir de nos festivals et la façon dont nous allions pouvoir les faire vivre, les renouveler ou bien encore leur donner un nouveau souffle face au manque d’aide des collectivités locales. Cette situation est d’ailleurs partagée par de nombreux autres organisateurs de festival de même type que celui d’Electropixel.


Il s’agissait d’un état des lieux mais nous ne savions pas encore comment nous allions continuer à faire exister le festival au delà de sa forme première et de son existence géographique à un moment donné.
La version 9 du festival Electropixel a fonctionné comme un générateur de potentiels qui nous permet aujourd’hui d’affirmer que nous avons commencé un processus de renouvellement du festival et qu’il peut devenir, en soi, un espace de recherches et de diffusion qui aborde des thématiques actuelles tout en offrant un espace d’échanges, de transmission et de diffusion pour les artistes et le public.
Chaque édition du festival Electropixel en 2019 a été un festival en soi tout en participant à l’unité du projet global. Cette idée de multi-événements a rejoint la réalité dans cette hétérogénéité de lieux, de villes, de contextes, d’artistes et de cultures.

Norwich / Londres

La première étape que nous exposons comme un exemple de cette réussite a été la Grande-Bretagne avec 2 versions du festival, une à Norwich et sa campagne et une autre à Londres.
Norwich est une ville assez ressemblante à celle de Nantes (même couleur et canaris pour leur équipe de foot!) tout en n’ayant pas du tout le même niveau d’investissement au niveau culturel et artistique. En effet Norwich soutient très peu de manifestations en lien avec les nouvelles formes de créations sonores, plastiques et numériques : la ville n’a pas de festival de ce genre à l’heure actuelle. Les artistes du territoire que nous avons invités et le public a été agréablement surpris de découvrir toutes ces formes de créations auxquelles ils n’ont pas ou peu la possibilité de se rendre au quotidien.


Ceci étant nous avons pu disposer d’un lieu incroyable, la Shoe Factory Social Club qui de l’usine à chaussures a été transformée en un lieu culturel ouvert à tous. Le site contient deux grands espaces répartis sur deux niveaux, en tout plus de 2000m2 de surface utilisable. Pour cette version du festival nous avons donc investi l’ensemble du lieu à travers une partie exposition d’artistes nantais et internationaux (Gabriel Vogel, Chloé Malaise, Souad Mani, Harsh Noise Consortium, Rosa Menkman, Pickett & Ottavi).Des oeuvres aussi bien sonores, installation circuit bending, mutation d’instruments et sculptures électroniques que des dispositifs de diffusion vidéo temps-réel, post-gaming et film-performance utilisant des drones ont été ainsi présentées.
Dans la partie supérieure nous avons proposé une expérience complète, participative et immersive avec la réalisation de l’oeuvre de David Tudor “Rainforest”. Cette oeuvre permet de mélanger différents niveaux d’investissements des artistes et du public : elle peut, à la fois se déployer comme une série de performances, mais aussi comme une installation dans laquelle le spectateur vient s’immerger à l’intérieur de sculptures sonores d’objets recyclés qui font vivre l’espace de diffusion (ici sur plus de 1000m2).


Une soirée performance a été proposée grâce à un croisement entre des artistes de Nantes et de Norwich avec des propositions audiovisuelles, de la musique électronique, des arts sonores, du circuit bending, une composition interactive et des films expérimentaux. Nous avons aussi fait intervenir les artistes durant une journée et une soirée dans la campagne de Norfolk à travers des diffusions prenant en compte la nature, l’existence des oeuvres dans un espace rural et sur cette question des corps électroniques.


A Londres nous avons orienté le festival vers une forme liée à la performance, live et workshop tout en créant les conditions d’une réflexion plus approfondie sur le thème du festival dans un cadre universitaire où artistes et chercheurs ont pu échanger de façon non-hiérarchique. Londres est une ville qui à l’inverse de Norwich accueille une énorme quantité d’événements culturels pointus et souvent à l’avant-garde des recherches artistiques numériques, électroniques et intermédia. Londres est une ville avec de nombreux artistes et un fort turn-over dû à la difficulté (en partie) pour les artistes d’y vivre.


Par contre le public est très sollicité et nous avons pu aussi constaté une difficulté pour les lieux partenaires à mobiliser au delà de leur cercle habituels. Nous avons proposé à une partie des artistes d’investir des lieux plus populaires pour la création artistique comme Goldsmiths et le Tate Moderne. Les workshops sont très populaires à Londres contrairement à Norwich. La vie étudiante y est dense avec une forte compétition et l’apprentissage y est un luxe.

Bruxelles

Fin juillet 2019, nous avons investi la ville de Bruxelles pour une édition du festival Electropixel dans un lieu typique belge le Labokube : c’est un mélange d’ateliers, d’artistes, un lieu de recherche et de création alternative. Malgré une chaleur étouffante, le festival s’est déroulé dans bonnes conditions et nous avons pu développer une façon de créer différente de celle de la Grande-Bretagne avec un public tout aussi dissemblable : nous avons mis en place des workshops plus légers en début de festival et 3 types de soirée différentes : la première en relation avec les réseaux et l’orchestration au XXIe siècle, une autre sur le live cinéma avec des artistes importants du genre comme Phill Niblock ou qui représentent la scène underground bruxelloise dans le domaine (Damien Petitot). Enfin une dernière soirée, sorte de mélange et de croisements entre forme expérimentale, live coding et post-djing


SI le festival était beaucoup plus concentré, dans un seul lieu, le public et les artistes ont été présents pour des échanges informels au coeur de l’été et une réception active des propositions et oeuvres artistiques. Cela a aussi permis une approche plus sereine du festival, le public bruxellois étant aussi fortement sollicité au niveau culturel, il existe là une ouverture à de nouveaux formats et une implication forte des artistes.
Les réalisations sous forme de réseaux ont été peut-être les plus difficiles à faire comprendre : à la fois comme espace de recherche abstrait où la musique devient éthérée, mais aussi dans le sens d’une présence non-présente des corps des artistes et du public sur internet. On reverra cette question en écho à Paris et cela nous interroge sur comment peut-on faire exister des espaces de diffusion en temps-réel en ligne pendant un festival qui prend corps physiquement dans un espace quel qu’il soit.

Berlin

Electropixel-Berlin a été un mélange entre la version londonienne et celle de Bruxelles, un croisement entre soirées de live-cinéma, performances électro noise avec Live Coding et recherches sonores sur une musique électronique déconstruite.
Nous avons aussi proposé une soirée dédiée à la question de l’orchestre d’ordinateurs avec des participants nantais, offert une journée d’expérimentation autour de la radio “radio art summer camp” qui fût une première pour le festival, une forme entre le workshop, la performance et l’échange sur les pratiques de l’art radio, le tout intégré à l’intérieur du festival. Un module de recherche en soi à l’intérieur d’un festival de recherche artistique. La communauté artistique de Berlin est extrêmement sollicitée ; il semble que ce soit la ville où l’on peut avoir le plus d’événements du même type dans le même temps.

Le public est toujours au rendez-vous. Il existe une recherche constantes de lieux alternatifs, de collaborations entre organisations qui sont vraiments fortes. Enfin il faut noter une envie d’implication très présente et donc une envie de voir, partager, écouter et échanger, ce malgré une quantité énorme de propositions. Par chance pour le festival, organiser une version d’Electropixel début août ne nous a pas mis en compétition avec beaucoup d’autres événements à Berlin. La ville reste active l’été, les artistes ont répondu à l’appel et le public est venu en nombre.

Paris / Nantes

Sur l’édition parisienne nous avons pu mettre en espace une exposition grâce à notre partenariat avec Plateforme, une galerie alternative liée aux formes de créations utilisant les nouvelles technologies. Nous y avons proposé des artistes, toujours en lien avec le thème, qui avaient, pour certains, exposé à Norwich (Souad Manu, Pickett&Ottavi, Chloé Malaise) et d’autres vivant soit à Paris soit en France (Tranzion, Joachim Montessuis, Shu Lea Cheang…). Comme Berlin et Londres, Paris est une ville très active culturellement mais étrangement assez calme en été. Cela a permis une grande disponibilité du public pour l’exposition et de même sur les concerts/soirées.


Comme à Berlin nous avons aussi proposé un orchestre d’ordinateurs et nous avons invité des artistes présents sur le territoire ; nous avons aussi offert une performance de radio devant le centre Georges Pompidou qui a été un grand succès à la fois par la présence de participants artistes de la l’art radiophonique mais aussi par une forte présence du public. Nous aurions pu créer plus de partenariats à Paris mais de nombreux lieux ferment pendant la période estivale ce qui paraît en contradiction avec la notion même de capitale et de lien avec le tourisme.
Pour Electropixel-Nantes, nous avons démarré fin juin avec une exposition de Christina Kubisch qui a été ouverte tout l’été et nous avons finalisé la tournée Electropixel dans la ville de départ du festival.
Apo33 reste attachée à la ville de part son implantation mais aussi par le soutien que la ville apporte à l’association. Si le festival n’est pas vraiment soutenu en soi, il n’en reste pas moins qu’une partie des artistes que nous amenons à l’étranger et la communauté qui vit autour du festival sont très liés à la ville de Nantes. Il est donc important de finir le parcours de ce nouveau festival par cette ville.


Cette année la version nantaise a été allégée avec une seule grande soirée Electro Noise . Elle n’a pas eu l’audience des années précédentes. La raison en est peut-être que nous avons délocalisé le festival un peu partout en Europe et que la proposition locale fût trop courte, à part l’exposition. La dernière soirée a été aussi pensée comme un grand final de l’ensemble de toutes les éditions du festival en Europe
Electropixel Nantes est encore à penser comme un espace d’expérimentation de la forme festival en fonction des thèmes à venir.

De façon globale nous avons programmé le festival en fonction du thème. De nombreux travaux diffusés sont en lien direct avec la question du corps électroniques et de la transformation morphologique de la réalité. C’est un thème complexe à multiples entrées et qui peut-être compris de plusieurs points de vue. Il ne s’agit pas de créer un thème qui soit absolu comme dans beaucoup de festival d’art numériques ou à l’inverse de n’être que dans la consommation d’oeuvres sans aucune réflexion.
Il est clair que vu le positionnement du festival comme espace de recherche et d’expérimentation, nous devons explorer, contredire, débattre et transcender le thème proposé. Les artistes n’ont donc pas tous joué sur la thématique proposée, ou du moins il n’y ont pas répondu de façon directe, mais leurs recherches en elles-même furent leur contribution à la thématique.
Souad Mani nous explique par exemple comment elle “ne peut pas parler de corps électronique sans parler d’énergie (s) et de captures. s’il n’y a pas d’énergie d’alimentation d’un “corps” quel qu’il soit un espace ou un temps ou une forme ou une impression ou une pensée, il reste figé, inerte et immobile.” Tout son travail approche une certaine forme de décalage entre l’acte de la performance, la captation d’une trace et la diffusion de celle-ci. La morphologie du réel et sa perception deviennent évidentes quand on rentre dans son approche des données et de leur visualisation/sonorisation.
Mais ce corps électronique c’est aussi notre quotidien. En cela les jeunes artistes peuvent très bien l’incarner et le mettre en jeu dans leur approche : ainsi Chloé Malaise nous parle de son rapport au thème : “à l’heure du “tout numérique” comme on dit, à être profondément étudiée et explorée par les nouveaux artistes-chercheurs de notre monde contemporain. “La morphologie abstraite du réel” renvoie pour moi à la fiction, une fiction qui peut être la mauvaise, celle par laquelle nos technologies sont développées comme l’aboutissement des rêves rétro-futuristes de nos passés proches.”
Ces rêves qui nous agissent et nous façonnent, résonnent en nous. Le festival est aussi le réceptacle de cette fiction, de cette invention du quotidien comme dirait Michel De Certeau. Le corps dématérialisé de Rosa Menkman interpelle tout autant dans son rapport à la machine, à la mise en 3D de notre quotidien et sa vision de l’image parle de cette morphologie changeante de la réalité, une modélisation de nos mouvements et de notre corps.
Le Harsh Noise Consortium n’évoque pas la disparition de tout corps et l’effacement de toutes morphologie du réel, à travers les murs de bruit (visuels et sonores). Le collectif remet en question le thème lui-même en faisant disparaître toutes traces d’humanité et donc de corps. Au contraire l’oeuvre de David Tudor investit les corps qu’ils soient participants ou de passages, elle met en scène des corps-objets, recyclés, transformés qui s’incarnent dans des sculptures dont chacun peut faire l’expérience par plusieurs sens : écoute, vision, toucher… .

Dans les nombreuses performances et live qui se sont déroulés durant les deux mois de diffusion du festival à travers l’Europe plusieurs thématiques sont revenues dans les recherches artistiques que nous avons proposées :
le corps et la machine est un lien central : il peut être contradictoire, avec Hmurd par exemple et la disparition du corps dans le live coding. Il peut être mis à l’écart avec Exoterrism, une pratique qui a d’ailleurs été explorée par plusieurs artistes. Certains cependant tentent tout de même de contrebalancer cet aspect de l’utilisation de l’outil : à la fois par l’utilisation de la voix (Jess Asian) ou du corps comme espace de mouvement entre le public et l’espace scénique mais aussi par l’introduction d’erreurs dans le code (Shelly Knotts) qui mettent à mal la machine et le bon fonctionnement de la performance. Le détournement, le hacking et le circuit bending sont comme une façon d’incarner la machine, de lui donner une nouvelle réalité, création d’une morphologie atypique.
Enerzion utilise des machines entièrement reconditionnées pour devenir de nouveaux instruments mais aussi la recherche de nouvelle combinaison comme Laura Netz entre création électronique aléatoire et instruments électroniques détournés.
Les propositions d’orchestre d’ordinateurs (Goo), d’instruments électroniques (L’ensemble Dime) et d’orchestres en réseaux (Giaso et Offal) qui dématérialisent le lieu de la performance en la diffusant sur les réseaux, créent ainsi un décalage entre l’espace physique du festival, un lieu, une ville, un temps donné, le public présent pour faire l’expérience d’être connectés avec des artistes lointains, des publics éclatés aux quatres coins de la planète. Tous ces éléments présents qui reconfigurent la morphologie de la réalité vécue renforcent cette idée de corps électroniques transportables virtuellement en temps-réel sur une échelle géographique planétaire.

Un festival de recherche mais un festival tout de même avec des temps de rencontre

Si le festival se développe comme un espace de recherche qui remet en question la façon même de faire un festival, ce n’est pas une transformation qui rejette totalement le modèle de l’événement et de la rencontre. En effet nous gardons des formes de diffusion plus ou moins classiques comme des concerts, des projections ou bien des expositions, workshops et colloques. Il s’agit plutôt de remettre en question l’unicité d’un événement localisé uniquement dans une ville.
Cela s’explique pour plusieurs raisons : tout d’abord la communauté d’artistes avec laquelle nous travaillons est bien entendu en partie établie sur le territoire dans lequel nous sommes implantés mais elle regroupe énormément d’autres noeuds sur les tous les continents et Electropixel a toujours défendu, même avec un budget réduit, la circulation des artistes et l’invitation de nombreux collectifs et organisations, au delà des frontières françaises.
Au delà de la diffusion des artistes et de leur popularité au niveau du public, il est aussi important de créer des espaces de rencontres, de partage et de discussions entre ceux qui produisent, ceux qui viennent découvrir et ceux qui organisent, même si parfois les barrières de ce que l’on propose peuvent être floues comme par exemple des formes de création où le public devient participant et où les organisateurs sont aussi les artistes ou vice et versa.

Dans notre démarche se retrouve un lien certain avec l’histoire du DIY (do it yourself) et DIWO (do it with others) qui sont des pratiques provenant des logiciels, du mouvement copyleft et des makers qui viennent influencer les démarches artistiques à la pointe des genres.
En effet l’ensemble de ces démarches qui place la question de l’événement (du festival) au coeur d’une pratique artistique en recherche, où le cadre n’est jamais totalement écrit et ou de nouveaux possibles peuvent être proposés,à l’image d’un Radio Art Summer Camp (un événement dans l’événement) ou bien encore les performances pirates de 20Khz et du Radio Noise Collectif.
Ces sont des moments qui échappent et font déraper le festival vers d’autres formes. Nous sommes d’ailleurs en gestation pour continuer à intégrer des formes du festival qui ne soient pas totalement cadrées ou pré-organisées comme des performances urbaines, des concerts sauvages dans les zones abandonnés ou bien encore des micro-performances qui n’existent que sur internet.

Les grands moments

Il est difficile de condenser l’ensemble des activités sans trop déborder mais il nous a paru nécessaire de présenter quelques grands moments qui nous ont marqué pendant les deux mois du festival : un concept fort et une idée tout aussi farfelue.
Qui en effet imagine de réaliser deux mois de festivals, une expérience en soi dont on ne ressort pas indemne ? Deux mois, 6 villes et des dizaines d’artistes, plusieurs centaines de publics différents…
Electropixel #9 fût un grand moment mais chaque version nous a apporté à nous les concepteurs du festival et aux nombreux artistes, un renversement dans la vision de ce que pouvait être un festival et la façon dont cela peut s’organiser.
Commençons dans un ordre chronologique et de façon non objective :
Le workshop-performance-installation de David Tudor avec une dizaine d’invités est toujours un moment fort, à la fois pour ceux qui découvrent comment jouer cette oeuvre impressionnante mais aussi pour ceux qui l’ont déjà fait et qui ne s’en lassent jamais, trouvant toujours une autre façon de l’aborder et de la faire vivre selon le lieu, la ville, les objets trouvés et les invités.
Plus de 1000m2 d’objets sonnants, chantant, grinçant qui entrent en résonances les uns avec les autres et un lieu qui devient vivant, des moments d’extase pure et des qualités d’écoute, de jeux d’orchestration incroyables.

Toujours à Norwich, le concert de l’Ensemble de Percussion de Nantes Orgone était très attendu par le public, à la fois pour ce qu’un ensemble de percussion peut évoquer / convoquer, mais aussi parce qu’il s’agit là d’un événement rare dans cette ville : une expérience différente une plongée à travers un seul instrument, mais multiple, composé de grands gongs, de tam- tams symphoniques et de toutes les possibilités sonores qui sont offertes : du plus pur comme les crotales jusqu’au plus bruiteux comme la caisse claire. Le séminaire organisé à l’Université de Goldsmiths a été une étape très importante dans l’articulation du festival car il a permis d’expliquer notre démarche et de faire se rencontrer des artistes du festival.
Enfin Goldsmiths est une des universités les plus prestigieuses dans le monde : elle est classée parmis les 10 premières. Cela donne aussi un cachet au festival avec une réelle perspective internationale et un positionnement sur le plan académique, donc dans le domaine de la recherche.
Le soirée Ciné-organique organisée à Bruxelles avec des invités importants comme Phill Niblock et Katherine Liberovskaya a été un succès et un épisode intense au niveau du public et des oeuvres proposées : une grande traversée entre des films historiques de Niblock et les live cinéma proposés par Liberovskaya avec montage temps-réel et live musique.
La soirée Electro Noise à Berlin a été un instant particulier, car nous avons réussi à mélanger plusieurs scènes (noise, électroniques, abstract, breakcore, techno….) et faire se rencontrer des artistes de différentes horizons : les corps électroniques composés de machines, circuits, synthés, images synthétiques et live coding jusqu’au corps dansant refusant la mécanique de la machine et du bpm (différents genres du dance floor).

En terme d’exposition accueillir Christina Kubisch fut une date qui marquera beaucoup les artistes et le public: elle est un des grands nom de l’art sonore et la pièce qu’elle a présentée à Nantes pendant toute la durée du festival est une recherche artistique qui prend sens dans le thème notamment sur le rapport aux corps écoutants et la morphologie de la réalité : le coud électromagnétique prenant forme comme une sculpture physique, présente dans l’espace dont on peut faire l’expérience sonore, visuelle et sensorielle de part sa matérialité tangible.
En terme de performances urbaines et pirates, comme nous l’avons évoqué en amont, la performance de 20khz au Tate Modern a été un moment court et intense dans la façon dont les artistes ont investi la Turbine Hall, dans un mélange de guérilla urbaine acoustique, une concert spatialisé par le mouvement des performeurs et une grande ambiguïté de la position de l’art, de la portabilité de l’instrument à l’intérieur même d’un lieu dédié à l’art et connu pour ses implications dans des propositions à l’avant-garde des pratiques. Un jeu avec les corps (et téléphones portables), la sécurité et l’espace acoustique, le tout devenant l’instrument et l’enjeu plastique (sculpturale) le temps de la performance.
Enfin la performance du Radio Noise Collective devant le Centre Georges Pompidou fut assez épique de par la façon d’utiliser collectivement les radios pour produire des nuages de bruits et d’interférences mais aussi pour la manière dont chacun des participants a été impliqué dans les différents mouvements chorégraphiques de la performance : déploiement des radios, sculpture accumulation, éclatement sur le parvis, alignement et intervention prolongés, aller et retour du haut vers le bas et du bas vers le haut comme des vagues électromagnétiques propulsées par les bandes fm et am prolongées par le corps du collectif.

Le retour des artistes

Présentation de votre démarche et recherche artistique

Voici ma biographie. Souad Mani est plasticienne transmedia et chercheuse. Elle vit et travaille à Sousse. (Tunisie). Elle noue, depuis 2008 à travers son projet « Elle M’aime » sous le mode de la multiplication, du partage et de la pollinisation de son autoportrait des liens avec le vivant à travers le monde. Elle tente de voir dans quelle mesure il peut provoquer des relations fécondes, mettre en “réseau” des singularités et comment une photo de soi peut devenir un monde unique et multiple à la fois. Son travail artistique transdisciplinaire, processuel et collaboratif se déploie à travers des expérimentations technos-poétiques souvent évolutives. Du land art, de la performance, de la vidéo au Webart en passant par la photographie et la visualisation des données, elle scrute les modalites des complexes devenirs de son autoportrait. Dans une approche géo-picturale et géo-relationnelle elle renouvelle les interrogations autour du statut de l’œuvre, de l’artiste et du spectateur à l’ère des intelligences collectives et des objets connectés et cherche à donner des formes génératives à la présence de l’ « être » – singulier ou collectif – dans son processus ramifié et généalogique. Elle a exposé en Tunisie, en France, en Italie, au Sénégal et en Grande-Bretagne. Elle intervient dans des espaces publics et s’approprie clandestinement et temporairement des territoires isolés en Tunisie et ailleurs.

Fantôme à Rayures — J’ai commencé la musique en 2012, initialement par des reprises rock, puis des compositions Post Rock quelques années plus tard. Il y a 2/3 ans, je me suis intéressé à la MAO, via Ableton Live, qui m’a permis d’intégrer les mécanismes de base de la production. Le projet Fantôme à Rayures est né un peu par hasard tout début 2018 en ressortant une gameboy modifiée, récupérée quelques années plus tôt. Les premiers morceaux ont été composés uniquement sur une gameboy grâce au tracker LSDj. Petit à petit, le projet est passé du chiptune pur et dur à la techno grâce notamment à l’utilisation de Gameboy Advance et du séquenceur Nanoloop qui permettent d’accéder à un son plus riche et plus adapté aux besoins du live. L’idée reste d’être à mi-chemin entre le live techno et la performance. Les gameboy sont intéressantes car elles créent un contraste entre le sentiment de nostalgie qu’elles véhiculent et leurs capacités réelles une fois bien exploitées. Elles vivent ainsi une seconde vie.

Je viens d’obtenir mon DNSEP au Beaux art de Nantes, pour autant j’avais déjà commencé, pendant mes études à présenter mon travail dans différents lieux et festivals en France comme à l’étranger. Par une pratique étroitement liée au son, à l’installation sonore, à l’expérience électronique et au Hacking, mes projets artistiques s’attachent à examiner notre environnement hyper électronique et matériel. Tant par l’installation que par la performance live ou la création d’outils sonores, mes projets prennent la forme de réappropriations technologiques qui questionnent notre rapport à ces architectures et technologies qui nous entourent.
TheManta is a post-techno project playing music since 2010 from Speedcore to live coding critical minimal beats. Based in Nantes and London, TheManta wishes to change the vision of techno music and dance floor to a new modern version updated from the 90s stuck copier. Move on everyone! Dance Floor is not a desperate loop in time or a clubbing commercial trap!

I work under the name scherzoteller. I’ve been doing electronic music for a few years, working with synths, softwares and grooveboxes. My work is mainly in drone/noise/field recording, but I sometimes go into some more beaty stuffs.

Je suis Arthur Hureau, compositeur et designer sonore français résidant en Norvège. Je travaille en composition électroacoustique, spatialisation sonore et sur des synthés DIY.

Hello my name is Anne-Sophie and one of my favorite pastime is to compose and record music. Sometimes it could be songs and other times it could be noisy stuff.

i make music with the sounds of acoustic instruments, not electronics, but very large envelopes of sound

I am harry i make computer music and sometimes club music as hmurd, among other names

Hello I am Romain Also Known As Cambia. I play some experimental dancefloor Music.

Laura Netz – Medial Dark Ages: DIY electronics + strobe lights

Iris Garrelfs, sound artist

Relation de votre approche et du thème de cette année : Les corps électroniques et la morphologie du réel.

I’ve been a passionate supporter of digital technology ever since I read ‘Being Digital’ by Nicholas Negroponte in 1995. https://en.wikipedia.org/wiki/Being_Digital The book was the inspiration behind me setting up the BN1 art project in Brighton (1995 to 2005) — which was one of the first organisations in the UK to commission digitally-produced public artworks. The ideas in Negroponte’s book were also the driving force behind me establishing the BA (Hons) Digital Music course at Solent University, for which I was the course leader from 2005 to 2017. And more important – it has been a significant influence on my compositional practice. I like how the title of ‘Being Digital’ can be turned around to ‘digital being’ – and through this idea one can explore the relationship with the biological self and the digital self – which is what Elon Musk is attempting with his Neuralink project: https://www.youtube.com/watch?v=lA77zsJ31nA https://mytechdecisions.com/unified-communications/elon-musks-neuralink-unveils-plans-for-revolutionary-brain-implants/ I share Musk’s view that brain-computer interfaces (BCI) is the next important stage in human development – and in how we positively interconnect with artificial intelligence to create a new symbiosis between humans and machines. I think it’s inevitable. Not only will this create greater connectivity within ourselves – and maybe with this technology we can overcome learning difficulties and negative mental states such as depression and paranoia – but to also create greater connectivity with other people – to be thinking of being part of a whole seamless network – and not as isolated individuals. Or perhaps even better – to have both at the same time – both self and selfless. My Corpora Aliena curatorial project is a development of this type of digitally connected thinking. Connectivity is one of the aims of meditation – but I think it would be exciting to extend and augment meditation with neurotechnology – to create what I call ‘techno zen’ – enlightenment through technology. I’m interested in the ephemeral nature of digital technology – and of the ability do ‘more with less’ – or what Buckminster Fuller termed ‘post-industrial ephemeralization – of doing everything with nothing. https://en.wikipedia.org/wiki/Ephemeralization People often comment when I turn up to perform with only my 12-inch MacBook (which I use with Ableton Live) – and I tell that that it is already too much to use (and carry) – and that I’m looking forward to the day when I can use a brain-computer interface – a digital chip – by which I can compose and perform with thought alone. ‘I think, therefore I mix’.

Je travaille depuis des années sur des projets technos-poétiques dans lesquelles l’information et les données sont des matériaux de création essentiels. J’ai mené aussi des recherches autour de l’art comme tautologie et abstraction du réel, à travers une pratique qui consiste à représenter un objet ” réel ” sous diverses versions de lui même en le dépouillant de ses propriétés visuelles et le traduire par divers langages jusqu’au langage binaire. Ma rencontre avec le collectif APo33 s’est faite autour d’un objet IOT ( objet connecté ) qui consiste à capter des données métrologiques et un flux d’informations qui sont pour moi des impressions instantanées liées à un lieu et un climat dans lequel une présence d’un “être” ( singulier ou collectif) parmi les acteurs d’un événement enregistré sont transformées en multitude de formes médiumniques. Le corps électronique dans Temps donnéEs en collaboration avec le collectif APo33 est d’abord ce kit IOT ( qui est en pleine évolution) et nécessairement toute l’atmosphère qu’il génère autour de lui, sonore ou visuelle ou même haptique. A mon avis je ne peux pas parler de corps électronique sans parler d’énergie (s) et de captures. s’il n’y a pas d’énergie d’alimentation d’un “corps” quel qu’il soit un espace ou un temps ou une forme ou une impression ou une pensée, il reste figé, inerte et immobile. Toute énergie qui peut créer du mouvement, créer du contraste est un corps électronique. Pour tisser un lien direct avec mon travail, ce thème du “corps électronique” me renvoie directement aux interfaces de ces objets électroniques qui nous entourent au quotidien. Selon moi, c’est une notion qui a grand intérêt, à l’heure du “tout numérique” comme on dit, à être profondément étudiée et explorée par les nouveaux artistes-chercheurs de notre monde contemporain. “La morphologie abstraite du réel” renvoie pour moi à la fiction, une fiction qui peut être la mauvaise, celle par laquelle nos technologies sont développées comme l’aboutissement des rêves rétro-futuristes de nos passés proches. Mais je pense que cette “morphologie abstraite du réel”, une fois détournée, peut également devenir un outil artistique, comme une figure de style pour parler de notre monde.

There are two sides for TheManta, one is Speedcore djing which includes a performative aspect with very fast beats. On that Djing/Performance I dance and run everywhere sometimes shouting at people. It’s a confrontation between the inhuman electronic music machine and the limits of bodies dancing. On the other side I have a musical performance where I used live coding and my body is completely attached to coding and can’t really dance. In this one the music is even more complicated to dance, a mix of breakcore and deconstructed dance-floor. In some context I play some minimal techno with live coding (coding in real-time during the performance) but it always attached to a kind of deconstruction of the dance floor.

Ces consoles ont ouvert la voie à nos premières interactions avec des entités numériques. Puis, petit à petit notre passage dans le monde virtuel (Personnalisation des personnages, First Person Shooter, Second Life, Réalité virtuelle…). Les sons qui sortent de ces machines, directement synthétisés depuis leur puce audio, nous renvoient ainsi à nos premiers contacts et expériences avec ces nombreux mondes virtuels.

J’ai fabriqué un synthé appelé le madrigal cette année pour electropixel, en référence au compositeur Palestrina et à ses superbes compositions polyphoniques. L’idée de ce projet était d’allier une composition en improvisation contemporaine sur une nouvelle lutherie électronique en se servant de ”concepts théoriques” anciens (polyphonie vocale, contrepoint) dans un contexte de musique bruitiste.

The bolero pattern was chosen as, although it’s at the origin a dance, it’s a repetitive mechanical pounding rhythm. This rhythm is the only stable aspect of the piece that turns into a dense landscape structured around circuit bent samples of electric artifacts. I wanted to symbolize those two aspects of both human and machines, dexterity and failure.

My body is not electric but my computer is.

I work with electronically manipulated voice in performance, which is a very embodied real-time activity
The relation to Electronic bodies for me is the way people will dance to the music.

the continuum of frequencies inside/outside our human contingent body
Electronic bodies mean dance for me. All kinds of maner to dancers.
i sit quietly in a chair behind my computer.

How do you think your work transforms your surroundings, people around you and the reality that you live in?

Les gameboys amènent une idée forte : Il n’est pas nécessaire de dépenser une fortune pour faire un live hardware. De nombreux musiciens chiptunes utilisent simplement 2 gameboys et une mini table de mixage pour jouer. Les boutons de la gameboy sont connus de tous et il est même possible de commencer à produire sur un simple émulateur gratuit pour ordinateur, ou avec Nanoloop pour smartphone. Le chiptune dit donc ceci : pour faire de la musique électronique, il suffit d’un appareil qui produit du son.

Well – my compositions can’t really change the environment because music is not a physical entity. Maybe a low frequency sound could move a cup on a table – but nothing more than that would be possible unless one is using some form of sonic weapon. But being aggressive – violent – or disruptive is not my intention as a composer. A composition or audio work might change people in some way – by the way they think about music – sounds – the world – or life in general. It would be nice.

J’aime l’idée d’artistes/vigies. Sans être forcément dans une pratique artistique directement activiste, je pense que mon travail me permet de sonder notre univers technologique, de prospecter sur ces différents aspects et d’en proposer un point de vu décalé, entre réalité et fiction. C’est le genre de travail, qui sans forcément tout remettre en question, je l’espère, ouvre des terrains de réflexion et de mise à distance sur nos rapports aux technologies.

Mon travail me transforme moi en premier lieu, il n’est pas pensé sans la présence d’autrui. Il est “relationnel” d’une façon ou d’une autre. Dans son évolution dans le temps et en formes il contribue à l’évolution de la nature de la pensée relationnelle et d’une pensée pollinisatrice qui laisse des traces imperceptibles chez et dans l’environnement de son passage. Son état en fuite lui donne le potentiel d’être un stimulateur.

When people introduce some sounds in a space they automatically transform the sound reality of the space in a little or big way. So if I play some Loud Electronic Music, especially loop track, I am trying to move people into trans, to get from sound real space surrounding to them interior reality via themself trans moving bodies.

I am not sure how I transform my surroundings, it is difficult to evaluate but the reality I change it for sure during my performance. Everything goes fast and/or sound transforms our perception of how we experience our dancing experience of clubbing music.

I think that for what I played at Electropixel is certainly influenced by some violents events that happened throughout the year in France. It’s hard to make happy music in these times when some people are dumb in the river in the city you live.

As a concrete music listener, I became completely obsessed with acousmatic experiences that anyone can live in daily life. I hope my work can help people discover that the world can be a great auditive (visual, …) playground.

I believe that improvisation and voice connects people and spaces to each other. This created different experiences and hence changed perceptions.
Ma pratique étant liée à mon travail, j’évolue constamment dans mon propre environnement et entouré de personnes semblables.
it probably gives them a headache because it is so loud, but others in the concert were loud also I alter perception and sense through continuous induced high freq. lights
It makes them move, to dance or to leave.

Electropixel was a part of a network of Festivals called Pixelache, most of those festivals disappeared because of the economical difficulties and the lack of support for this kind of arts and music. What do you think about this situation? How do you come across those difficulties in your artist’s life or as organiser if you are one? Do you have any ideas how to change this situation or make it better? We are really looking forward everyone input on this subject.

C’est triste certes! si on est dans une dynamique militante et activiste je pense que c’est tout à fait normal et tout à fait logique qu’on ne puisse pas être soutenu pour ce genre de pratiques. Dans ce cas la solution doit être aussi militante, activiste et provocatrice, et face à ce manque de soutien on sait qu’on ne fait pas partie de la foule et que notre production n’intéresse qu’ une minorité. Et tout dépend de notre désir en fait ! si on veut être une vedette du domaine, riche et très visible il faut être forcément dans le “spectacle”, dans l’animation et oublier son désir de faire pas uniquement pour créer mais pour vivre essentiellement et accepter à s’associer aux fondations, aux mécènes, devenir très visible dans leur entourage et se montrer présent lors de chaque occasion pour leur dire ” hey je suis là ” je suis le copain de.. et j’ai fait ça avec vous etc etc.. toute une dynamique et des stratégies de communication ( souvent trompeuses) pour se vendre comme un produit. Répondre aux appels à participation… et ajuster tout aux critères des appels. ( un temps fou, une énergie perdue et va chercher la sincérité dans tout ça ) Ou prendre la route la plus difficile, marginale et oublier la reconnaissance des grands, travailler pour une économie participative, toucher le commun et les sensibiliser à contribuer à la réalisation du projet ou de l’oeuvre.. Etant donné que je suis en Tunisie et les enjeux sont très différents de celles en France, ça n’empêche pas que les difficultés sont similaires. Suite à une grande expérience qui m’a dévoilé la réalité des choses en Tunisie et aussi ailleurs et une subvention de l’état qui m’a non seulement fait perdre mon argent mais ma santé, je crois de plus en plus à une “écologie de la création” qui oublie l’état pour les aides, qui encourage à être autonome pour certains projets,à travailler avec les plus honnêtes, à produire moins de projets et à créer un réseau pour des éventuels crowfunding ( même locaux et restreints). En France je connais des sites de crowdfunding crédibles et efficaces. J’ai observé deux procédures de projets à travers cette démarche. Il faut avoir une personne qui s’y connait dans ces démarches je connais un nom si jamais vous voulez, je suis en train d’observer son travail. En Tunisie ça marche avec des petits réseaux. C’est un chemin lent et difficile qui a besoin de beaucoup de confiance et souvent d’une équipe solidaire. Je pense que ce problème est un problème politique, tu n’es pas soutenu par X ou Y donc tu ne réponds pas à la politique et aux désirs de la foule et tu ne pourras pas ramener de l’argent en retour, tu dois avoir une machine derrière, un discours qui plaît.. et ça c’est un autre sujet. Peut être que la création écologique consiste aussi à faire du troc et de l’échange, …une des questions que je me pose actuellement à travers mon travail. Je suis dans les mêmes interrogations que vous mais avec une dynamique de travail et des enjeux différents …

Over the last eight months I’ve made two unsuccessful applications to get funding from the Arts Council of England (ACE) for my Corpora Aliena project. I was surprised – because in the past I’ve had a very positive response from ACE and have made a large number of successful bids to finance a wide range of projects. The present lack of funding means that I’ll need to scale down the level of operations for Corpora Aliena – to have a more modest approach and be less ambitious about trying to bring artists and musicians from outside of the UK to perform at Corpora Aliena events (which was the aim of the funding applications). Given the fact that air transport is one of the biggest contributors to global warming – then perhaps it isn’t such a good idea to be inviting artists to appear at an event if their only means of travel is by plane. Consequently it’s now essential to find digital means (see above) of maintaining contact without the physical presence of someone. Obviously we need to avoid becoming isolationist – and so we need to rethink about how we can maintain contact with each other – but without using planes and other polluting forms of travel. The ideas of telepresence should be brought back into the agenda – and explore the use of new communication technologies. I’ve been invited to take part in the Poetronica Festival in Moscow next spring 2020 – but I certainly won’t fly. I could go by train – which is a train from Southampton to London – Eurostar from London to Paris – then catch the Paris-Moscow Express. But this is expensive – and if the overall cost exceeds the benefit of performing in Moscow – then I will find an alliterative means to make my ‘presence’ felt at the event. The presence is – of course – going to be a digital one.

La musique n’est pas mon travail. Si ça signifie que je ne peux pas y passer autant de temps que je voudrais, ça me permet au moins de ne pas avoir à faire de concessions sur ce que j’ai envie de faire. La question du financement des événements s’est posé dans le milieu du chiptune récemment. La scène française est très petite (~20/30 artistes actifs) et quelques personnes se sont demandé comment continuer à la faire vivre en assurant le défraiement et quelques revenus aux artistes. C’est ainsi qu’est né All You Can Eat qui a permis d’organiser pas mal de concerts depuis le début de l’année grâce au financement participatif : https://www.patreon.com/allyoucaneatparisParallelement . Je vois que la scène techno se porte très bien aujourd’hui, probablement grâce à l’évolution du genre au cours des dernières années, qui lui a permis de toucher un public plus large et varié. Rien qu’à Nantes, c’est généralement quelques dizaines d’événements qui ont lieu chaque week end, comme le montre le groupe FB / agenda https://www.facebook.com/SetSemaine/. Je pense que Scopitone a également réussi quelque chose d’intéressant dans ses premières années, en mélangeant musique, installation, artistes connus et locaux.

J’ai l’impression que c’est malheureusement un phénomène général, lié au capitalisme : il semble que des festivals dit plus “ludique et lucratif” soient plus facilement supportés par les institutions et localités, pour ne pas citer un festival nantais de grande ampleur ou je suis passée la semaine dernière (Scopit***ne). Ce qui est dommage c’est que ces festival dits d'”Art numérique” proposent des contenus où 90% des propositions sont “récréative” et non vraiment prospectives, comme le sont les propositions de festivals tels que ceux des réseaux Pixelache etc. Il est alors dommage d’observer que ces soutiens manquant à ces festivals, font disparaître une forme importante d’Art réellement prospectif, tant sur la nature que sur l’avenir d’un monde technologique. Il paraît évident que les soutiens possibles à ces festivals sous-estiment énormément : la qualité de réflexions des publics et leur intérêt même pour ces contenus plus engagés qu’une salle entière d’Art cinétique 2.0. Ou alors la disparition de soutien pour ces festival, trahit un désintérêt politique, des questions que sont celles de penser nos mondes technologiques présent et futurs…
People are tired of working for peanuts for sure because of the lack of money inputs to cultural domains. I think it is due to the old idea that Music is not a job so that creates a gap between daily artists and big superstar artists and bad kind of competition that destroys relations between people. how to get out of here could be to stop being denigrate and valorise work through information of it to the people, so would it be to educate artistically in general cursus like an art teaching (a real one except from flute in college) so that we would be more aware about what art is.

It is a great shame that support for Pixelache disappeared. This lack of understanding how grassroots arts activities can be so transformative seems to be on increase. Difficulties are that venues are closing, there is less money around and many even established artists find it hard to make ends meet. This means they have to spend time on earning a living by other means and less time to create. I am unsure how to change this. Maybe we need to start an EU wide “union” for the experiments sound/arts/music community?

i have been a producer since 1973 in NY, and in the late 80s a right wing group clamped down on the national arts funder, and all that support disappeared for the artists supported organizations and for artists in general, in the USA, and also in the individual states also. We have been looking for a president who could change that, but it’s a small portion of the political population, and no one has tried. so the arts have been neglected in the US since 1988
There is less and less help for culture from these times… gouvernement tries to keep a hand on what people are thinking. We are in a total idiocracy… DIY is the solution but sometimes people often stop because it takes too much energy. We need to fight and continue and form youngers to diy values. (If we could call it « values » haha)

Well it sounds like it’s all for the huge festival and nothing left for the rest… a boring capitalist story where it’s very difficult to change the situation of the richest attracting the money and the rest trying to survive. Ideas to change that? Change the all relation of music entertainment and the music industry… quite a job.

Je pense qu’étendre electropixel en europe est une bonne chose qui participe à re-dynamiser cette branche des arts trop souvent considérée comme niche et sous-subventionnée. Piksel Bergen fait la même chose en tournant le festival chaque été en amérique du sud.
Some say that money doesn’t grow in trees, but intelligence can’t grow without culture.
precarious artists need definitely more support from public institutions
We need to destroy capitalism.

Could you explain your relation to the audience, venues space and your work (sound/image/performance/installation…etc)?

As an experimental music composer I don’t really consider the audience when I’m producing my work. If people like what I do – then that’s an added bonus. But I don’t care one way or the other. I work out of a need – to be a creative individual – and to push at the boundaries of compositional practice. I certainly don’t work to fill the expectations or needs of an audience – or of funding bodies. I set my own aims and standards within my practice – and so don’t follow trends or fashion. As John Cage said ‘If there are more than two people making the same kind of music, then that’s one person too many.’ For my work has both composer and curator – then I’m more interested in the end result and final outcome of a composition/performance than in any political intention or pre-compositional narrative. No the why or how but the – what. It’s the ‘what’ that we hear – and it’s the only way to judge or interact with a work. The initial idea might be interesting in itself – but the work loses value if it’s poorly produced – under-developed or clichéd. Experimentation – Individuality – originality – and uniqueness are of the highest importance. Bernhard Living – 02.08.2019

Ces festivals ont la particularité de ne pas seulement montrer des pièces artistiques ou des performances live, elles incluent aussi des Workshops qui ont le grand intérêt d’offrir un échange différent avec le public, l’artiste n’est plus un « saint créateur illuminé »(rire), mais bien une chercheur qui peut partager et échanger avec autrui. En cela j’envisage mon travail pour qu’il puisse prendre autant la forme d’une performance live, que d’une installation ou d’un atelier qui invitera l’autre à jouer de mes outils, ou à inventer les siens. Ce sont des dimensions qui font que j’aime participer, et que je chercherais toujours à participer, à ce type de festivals, où l’on retrouve une réelle proximité entre les artistes et le public, et sans obligatoirement passer par des médiateurs, dans ce genre de festival, l’artiste est accessible et médiateur de son travail.

Je pense qu’un live réussi passe généralement aussi par du visuel et du mouvement. Lorsque c’est possible, j’essaye d’être accompagné par un•e VJ afin de raconter une histoire. J’essaye d’être physiquement engagé dans la musique que je joue, en bougeant beaucoup, afin de transmettre mes émotions aux personnes qui m’écoutent. Le masque que j’utilise à ainsi un double intérêt : transmettre ce mouvement dans l’obscurité et faire le lien entre ma présence en ligne et les concerts.

Electropixel is always a great opportunity for exchanges with people, playing music that tries to fool people’s senses is a good way to create interactions. It was also a great pleasure to work on the rainforest installation, the Norwich audience was very nice and curious.
I love to have the possibility to change my music or the music I am making depending on the context, the audience and the venue space. So I really enjoyed playing at Electropixel9 this year because of the different venues and the different context we were invited.

Je montre mon travail dans différents lieux, entre les espaces d’exposition, le web et la nature le rôle et ma relation au public change forcément. D’un lieu à un autre et d’un médium à un autre le statut du spectateur change de statut.

I perform live with voice and electronics. As I perform, both audience and space have an effect on me that embeds itself into the sound.
I generally do not play video but just sound in stereo with machines and/or computer.

i make images and music and i hope the audience receives
I aim to move, sometimes surprise an audience.
curator, manager, producer, etc.

It’s fun!