GIASO interview


Interview GIASO

– Comment est née cette initiative ?

Le projet à été crée en 2005 à l’occasion d’un événement auquel Julien Ottavi participait par Audiolab/Arteleku à San Sebastian en Espagne. L’orchestre était composé à l’époque de : Achim Wollscheid (Frankfurt), As 11 (Atenas), TMP (New York), Randy H. Yau (San Francisco), Jason Kahn (Zurich), APO33 (Nantes), Ilios, Julien Ottavi, Xabier Erkizia, Mattin, Iñigo Telletxea (Donostia-San Sebastian); c’est un projet conceptualisé et créé par Julien Ottavi avec le soutien du collectif Apo33.

– De combien de membres est composé l’Orchestre à ce jour ?

Plus d’une vingtaine de musiciens.

– Doù viennent les musiciens qui composent l’Orchestre ?

France, Chili, Canada, USA, Belgique, Grande-bretagne, Allemagne, Autriche, Suéde…etc.

– Depuis combien de temps existe-t-il ?

2005

– Si j’ai bien compris toutes les créations se font en ligne ? Les musiciens interviennent sur la composition depuis la plateforme ? Composent-ils toujours collectivement ou non (parfois en solo, duo, ou
plus?) ?

Les créations se font à la fois en ligne et dans un ou plusieurs espaces de diffusion. Les musiciens envoient une transmission audio“temps-réel” (streaming) via internet. Le chef d’orchestre mix leur sons/streaming et leur donne des instructions; ils entendent le résultat global via le streaming du Giaso (mixage gobal et diffusion espace). Dans certaines versions, les musiciens agissent directement sur le mixage et parfois il s’agit d’un automate/programme qui pilote de façon aléatoire le résultat final.

– Quels changements avez-vous pu noter dans les pratiques des musiciens
mais aussi des spectateurs ? Quelles influences cela a-t-il ?

Les musiciens, à travers ce projet, ont commencé à travailler autrement, il y a évidemment plus de discussion entre nous et sur la façon dont le son global et la musique se déroule. Les individualités apparaissent plus fortes mais sont engagés dans des discussions sur la composition elle-même et sur ce qui est diffusé plutôt que sur une interprétation. Les musiciens ne sont pas choisis en fonction de leur instrument mais de leur capacité à jouer dans un tel orchestre. L’influence se joue plutôt sur la question du changement de pratique de chacun et sur l’envie de continuer à développer cette approche dans leur propre recherche artistique. Le spectateur lui n’existe plus comme unité fixe exitant en un point. Il est partout à la fois, car connecté, chez lui ou dans un autre espace de diffusion mais aussi sur place sous une forme semi-classique, entre concert et installation. Son écoute change, il peut aussi inter-agir avec les musiciens, il y a moins de distance avec une “scéne” et plus de croisement entre les deux. Le rapport à la musique est donc moins hierarchique et implique une plus grande liberté de circulation ou d’espace d’échange et de débat.

– De votre point de vue, quel impact, quelle influence le streaming a sur
la création artistique ?

De notre point, le streaming à eu une influence assez forte sur une partie de la communauté artistique et sur des créations qui ont du mal à exister dans les milieux de l’art classique (expo, concert…etc) car la “survivance” d’un systéme à l’italienne est encore trés fort et nous sommes confrontés à une forme de conservatisme culturel et artistique qui à tendance à ne pas prendre au sérieux ce genre de pratique. A contrario, nous avons des vagues de création artistique utilisant le streaming comme mode de diffusion ou de création, cela développe aussi une autre forme de “spectateurs” autre, plus actif et souvent engagé dans le processus. Le streaming en soi n’a pas changé énormément à la création artistique, il s’agit plutôt d’une combinaison informatique+internet+streaming+Logiciel Libre/Culture Libre/Copyleft qui change profondément la pratique artistique.


– Quelle place tient le streaming dans vos projets ? Et dans l?Art plus
largement ?

Le streaming depuis une quinzaine d’années et la radio de façon plus large, depuis bientôt 20 ans, tiennent une place forte dans notre pratique. De la radio diffusion nous sommes passés à la webradio multicanale et bi-directionnelle. Il s’agit de cet esprit de transmission du son et de la création de dispositifs, d’instruments artistiques et musicaux. Le streaming ouvre certaines installations ou performances vers un extérieur (un dehors), hors de l’espace dédié (salle de concert, spectacle ou salle d’exposition).
Dans l’art plus largement, c’est difficile à dire, mais il y a dés le début du net art et dans les pratiques artistiques utilisant le streaming quelque chose de commun, cet esprit de circultation de l’information, de la création de nouveaux dispositifs et de nouvelles écritures.

Enfin, pourriez-vous m’éclairer sur cette partie de votre présentation svp
? > *”Il s?agit de transformer le dispositif en instrument d?intervention
et d?écriture poétique. Au dela du détournement du dispositif : les
artistes produisent une forme d?installation qui institue l?autonomie du
dispositif et l?impossibilité d?une intervention sur le dispositif
postérieure à sa production : le dispositif échappe aux mains du
créateur.”

c’est une réfléxion plus aboutie de ce que nous écrivons plus haut dans l’interview. Une pensée plus globale du dispositif radiophonique et du streaming. C’est un instrument d’intervention, que l’on utilise pour des actions, ces actions générent une écriture. Il y a un détournement du dispositif, en ce sens qu’il ne s’agit plus seulement d’un outil de transmission d’information et nous le manipulons ainsi dans ses limites. De même celui-ci, au bout d’un certain temps et notamment dans sa déssimination au sein de la communauté ou via le public, devient autre chose et nous en perdons le contrôle, il nous échappe. Nous sommes presque dans un seuil extréme entre ce que nous cherchons, ce que nous avons trouvé et ce qui se passe au delà de notre champ d’intervention/manipulation.

source: http://themediashaker.com/articles/giaso-un-orchestre-dun-nouveau-genre-virtuel-et-en-reseau/